L’ONG RSF (Reporters sans Frontières) a exigé ce 18 aout 2025 «l’ouverture d’une enquête officielle en Côte d’Ivoire» après l’arrestation début juillet 2025 à Abidjan d’un journaliste béninois (Hugues Comlan Sossoukpè qui était réfugié politique au Togo depuis 2019) et son extradition vers Cotonou (Bénin). Ce professionnel des médias est désormais incarcéré dans son pays natal et est «poursuivi pour apologie du terrorisme».
Directeur de publication du journal en ligne «Olofofo» et critique virile du pouvoir de Patrice Talon, Hugues Comlan Sossoukpè a été interpellé le 10 juillet 2025 par les autorités ivoiriennes et extradé vers le Bénin, alors même qu’il avait été invité par Abidjan à participer à un «Salon de l’innovation numérique» avec son statut de réfugié politique au Togo.
A travers un communiqué au ton acerbe, RSF dénonce le fait que des «policiers béninois dépêchés en Côte d’Ivoire ont pu, sous le regard passif, voire avec la complicité, de leurs homologues ivoiriens, appréhender puis escorter le journaliste réfugié Hugues Comlan Sossoukpè jusqu’à l’avion pour le ramener au Bénin, sans avoir obtenu l’autorisation des autorités judiciaires locales». Dans la foulée, l’ONG de défense de la liberté de la presse soutient qu’il est «impératif que les autorités ivoiriennes diligentent une enquête indépendante et transparente pour faire toute la lumière sur ce qui relève de graves négligences, voire de complicités actives».
Au nom de RSF, Arnaud Froger (responsable du bureau Investigation de RSF) critique ouvertement «un enlèvement et appelle à la libération sans délai du journaliste béninois». Depuis son retour forcé au Bénin, le confrère Sossoukpè est désormais incarcéré à Ouidah (dans le sud du Bénin) pour «harcèlement par le biais d’un système informatique, rébellion et apologie du terrorisme». Avant l’affaire Sossoukpè, les autorités béninoises avaient aussi enlevé à Lomé (Togo) le frère Hounvi (du nom d’un activiste béninois sur les réseaux sociaux très critique envers Patrice Talon). Ce dernier avait aussi le statut de réfugié politique au Togo. Il a été jugé et condamné par la CRIET (Cour de répression du terrorisme au Bénin).