Madagascar : une notice rouge d’Interpol visée contre Mamy Ravatomanga

À Madagascar, les nouvelles autorités poursuivent leur offensive contre les figures influentes du régime déchu. Le ministère malgache de la Justice a officiellement demandé à Interpol d’émettre une notice rouge visant Mamy Ravatomanga, homme d’affaires parmi les plus puissants du pays et ancien proche du président Andry Rajoelina. Le magnat aurait quitté le territoire pour l’île Maurice peu après la prise de pouvoir du Capsat, l’unité militaire désormais à la tête du pays.

Selon un courrier daté du 20 octobre, dont RFI a obtenu copie, cette demande s’appuie sur un mandat d’arrêt international pour blanchiment de capitaux émis quatre jours plus tôt. Le document, dont l’authenticité n’a pas été démentie, cite le nom de Mamy Ravatomanga dans le scandale des cinq Boeing 777 : des avions de ligne transférés vers une compagnie iranienne sous sanctions américaines, grâce à des immatriculations temporaires délivrées à Madagascar.

Un témoin clé entendu par la justice malgache affirme que Ravatomanga faisait partie des personnes « associées à l’envoi des avions en Iran ». L’homme d’affaires aurait agi « derrière » le ministre des Transports Valery Ramonjavelo, limogé en juillet, et soupçonné d’avoir touché un million d’euros à Dubaï.

Si Interpol valide la demande, cette alerte internationale permettra aux pays membres de localiser et arrêter provisoirement Mamy Ravatomanga en vue de son extradition.

Ancien pilier du pouvoir et financier clé du régime Rajoelina, le magnat, longtemps intouchable, voit désormais son empire fragilisé. Pour les nouvelles autorités, ce dossier illustre leur volonté affichée de rompre avec les pratiques opaques de l’ancien régime et de marquer une rupture avec les réseaux politico-économiques hérités du passé.

Andreï Touabovitch