La Cour d’assises française de Paris a condamné ce lundi 15 décembre, l’ex-rebelle congolais, Roger Lumbala «à 30 ans de réclusion criminelle pour complicité dans les atrocités commises par ses soldats en 2002-2003». L’accusé est déclaré «coupable de complicité des crimes commis par ses troupes, par ordre ou par aide ou assistance».
La Cour d’assises de Paris a écouté durant un mois, le récit autour de diverses exactions commises lors de l’offensive baptisée « Effacer le tableau » et menée contre une faction rivale dans le Nord-est de la République Démocratique du Congo par le groupe rebelle « RCD-N » de Roger Lumbala. Soutenu par l’Ouganda voisin, le RCD-N était allié au MLC de l’actuel ministre congolais des Transports, Jean-Pierre Bemba.
L’accusation a fait état durant ce procès, de «viols utilisés comme armes de guerre, esclavage sexuel, travail forcé, tortures, mutilations, exécutions sommaires, pillage systématique, racket, captation des ressources (diamants, coltan, etc.)».
Arrêté en 2020 dans l’Hexagone, l’accusé Roger Lumbala avait contesté toute «responsabilité durant l’enquête» de la Cour d’assises de Paris. Il a dix jours pour faire appel de l’arrêt prononcé ce 15 décembre par la Cour parisienne.
Le verdict judiciaire est qualifié «d’historique» par plusieurs ONG de promotion et de défense des droits des victimes de diverses atrocités commises dans l’Est de la RDC depuis plus de 3 décennies.
La plupart des victimes des exactions commises par les hommes de Roger Lumbala étaient des Nande ou Yira, (Konjo) un peuple bantou d’Afrique centrale, majoritaire dans les territoires de Beni et Lubero dans le Nord-Kivu, de la RDC, ou pygmées Bambuti, des «groupes ethniques accusés par les assaillants de pencher du côté d’une faction rivale».
Roger Lumbala avait «une position d’autorité sur ses troupes», a brandi ce 15 décembre le Parquet national antiterroriste (PNAT) auprès de la Cour d’Assises de Paris, compétent pour les crimes jugés durant ce procès. Le PNAT avait requis «la réclusion à perpétuité, peine maximale, après avoir balayé l’autoportrait d’un simple politique sans prise sur les combattants», autoportrait brossé par l’accusé pendant l’enquête.
Après avoir boycotté les débats devant la Cour d’assises de Paris à qui il avait «dénié toute légitimité pour le juger», Roger Lumbala est revenu dans le box écouter, impassible, le verdict de cette juridiction ce 15 décembre.
L’ex-rebelle Lumbala résidait à Paris au moment de son arrestation. Ex- agent d’assurances, il fut éphémère ministre dans son pays en 2004. Aucune Cour nationale d’un pays s’octroyant la «compétence universelle» n’a jusqu’à présent prononcé de condamnation contre les auteurs des atrocités commises dans l’Est de la RDC depuis plus de 30 ans. Même si trois chefs de guerre, Thomas Lubanga, Germain Katanga et Bosco Ntaganda, ont été condamnés entre 2012 et 2021 par la Cour pénale internationale (CPI).
