Alors que l’opérateur Maroc Telecom travers un moment crucial de son histoire puisqu’il est en passe de changer d’actionnaire – le groupe Vivendi, qui en possède un peu plus de 50% souhaite se recentrer sur les médias- le groupe marocain vient de frapper un grand coup en signant avec le gouvernement du Royaume chérifien une convention portant sur près d’un milliards d’euros sur trois ans dans laquelle l’opérateur s’engage à moderniser les infrastructures numériques du pays. Ceci porte notamment sur l’arrivée du très haut débit.
Cette annonce a surpris les observateurs du marché qui s’attendaient en effet à ce que le géant marocain dirigé par Abdeslam Ahizoune mette plutôt le frein sur les investissements en cette période particulièrement sensible. Depuis plusieurs mois, de nombreux prétendants se sont en effet manifestés pour racheter la part de Vivendi, mais sans qu’aucun d’entre eux n’émerge vraiment du lot.
Dans cette partie de « poker menteur » qui précède tout changement d’actionnaire majoritaire dans un grand groupe, des bruits en provenance du Moyen-Orient ont fait état de l’intérêt d’un opérateur des Emirats, puis, tout récemment du Qatar. Plus exotique, une candidature au rachat par les sud-coréens a également été évoquée par la presse. Encore plus surprenant, le nom de France Telecom -qui est pourtant actionnaire du second opérateur marocain, Meditel- a circulé comme repreneur ces dernières semaines.
En réalité, bien qu’il se pourrait bien que l’on assiste lors des prochaines semaines à une cristallisation dans ce bal de prétendants, cet intérêt affiché pour l’opérateur démontrerait surtout une confiance dans l’économie du Maroc et sa capacité à maintenir un rythme de croissance soutenu à court terme, et ce malgré les tensions sociales qui se sont manifestées dans un climat post-printemps arabe extrêmement tendu dans tout le Maghreb.
En creux, Maroc Telecom semble vouloir afficher sa résilience et montrer sa confiance en l’avenir après avoir réussi à mener à bien un chantier de réduction de ses effectifs afin d’améliorer sa productivité et sa rentabilité.
A l’instar d’autres grands groupes internationaux de premier plan l’opérateur marocain, fortement présent en Afrique et candidat au rachat de plusieurs autres opérateurs sur le continent, est en passe de réussir sa transformation industrielle en menant à bien le chantier de l’ « agilité stratégique », c’est à dire en démontrant sa capacité à maigrir intelligemment tout en conservant ses marges et son attractivité. En outre, une autre source de fierté pour cette Enterprise est qu’elle aura réussi à conserver au fil des années un « top management » marocain, avec à sa tête Abdeslam Ahizoune, emblématique patron de cette entreprise. L’homme, connu pour être un tacticien redoutable, est sans doute celui qui a négocié dans la plus grande discrétion cet accord avec le gouvernement marocain. Une façon peut-être de dire que même si l’actionnariat de l’entreprise est appelé à évoluer, sa vocation à rester marocaine et à accompagner le développement du royaume Chérifien restera intacte.