L’annonce du départ volontaire du pouvoir de l’émir Hamad Ben Khalifa Al-Thani hier mardi au profit de son fils est l’ultime coup d’éclat d’un homme qui aura réussi son projet de révolutionner l’image de son pays tant au niveau régional que sur la scène internationale.
Le geste de l’émir, une première dans son pays et même pour un monarque arabe, clôt de manière retentissante la transformation systémique du Qatar que ce dernier s’est évertué à réaliser tout au long de son règne depuis le coup d’Etat de 1995 contre son propre père. Par la même occasion, il coupe l’herbe sous le pied à ses détracteurs qui ne manquaient pas de souligner la contradiction qatarie. Cet émirat qui s’est posé en soutien des révolutions arabes était souvent critiqué pour sa propre rigidité dans l’exercice du pouvoir. La révolution en douceur que le cheikh Hamad fait vivre à son pays est parfaitement calculée. Son fils et successeur, le cheikh Tamim Ben Hamad Al-Thani est préparé depuis de longues années à l’exercice du pouvoir dans la même philosophie que son père. Il a contribué à la reconnaissance internationale du Qatar à travers le sport, avant d’intervenir dans les dossiers de politique intérieure et étrangère telle que la crise syrienne ou encore la relation avec l’Egypte.
Après l’héritage de son père, les attentes sont forcément différentes pour le nouvel émir. La principale d’entre elle sera inévitablement une ouverture du jeu politique local. Le pouvoir est actuellement confisqué par la famille Al-Thani et quelques tribus alliées. La succession s’opère de manière dynastique sans qu’aucun des 200 000 citoyens du pays n’ait son mot à dire et les membres du Majis Al-Choura, le Parlement qatari, sont tous nommés. La concrétisation de la promesse de son père d’organiser avant la fin de cette année des élections pour le Parlement sera le premier test des aspirations réformatrices du nouvel émir.