La Turquie serait espionnée par les services secrets allemands depuis plusieurs années. D’après un numéro de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, paru dimanche 17 août, le gouvernement fédéral de l’Allemagne a engagé depuis 2009 des agents de la Bundesnachrichtendienst (BND), le Service fédéral de renseignement, pour espionner la Turquie, partenaire de l’Allemagne au sein de l’OTAN.
Le magazine allemand, qui a été repris par des médias internationaux, soutient que l’Etat turc serait toujours sur écoute à ce jour. Jusqu’ici, l’Allemagne était quasiment irréprochable sur la scène de l’espionnage international. Mais ces accusations de Der Spiegel pourraient entacher la crédibilité de la République fédérale et surtout avoir des effets indésirables sur les relations entre Berlin et Ankara.
Outre l’Etat turc, l’hebdomadaire rapporte également que le gouvernement fédéral a aussi espionné deux autres personnalités politiques américaines. Il s’agit de l’ancienne secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, et son successeur John Kerry, le nouveau patron de la diplomatie américaine. Des conversations téléphoniques de ces deux personnalités du gouvernement américain auraient ainsi été interceptées, « par accident », par les services secrets allemands, écrit Der Spiegel. Depuis quelque temps, la question des écoutes de personnalités politiques fait polémique en Allemagne. La République Fédérale avait vivement réagi suite aux révélations de l’année dernière sur le piratage du téléphone personnel de la chancelière Angela Merkel et l’espionnage de l’élite politique allemande par les services de renseignement américains.
En dépit de la forte relation traditionnelle entre l’Allemagne et les Etats-Unis, les enquêtes menées alors avaient conduit à l’expulsion du Chef de la CIA à Berlin. Reste maintenant à savoir comment la Turquie, de son côté, pourrait réagir à ces révélations d’espionnage à son encontre et quelle attitude va adopter le tout nouveau président élu, Recep Tayyip Erdogan.