Alors que la bataille pour la ville kurde syrienne de Kobané tourne inexorablement en faveur des djihadistes de l’Etat islamique, la coalition internationale qui l’affronte s’enfonce dans ses tergiversations. Celles-ci s’illustrent parfaitement dans la contradiction à Washington entre les militaires qui requièrent l’envoi de troupes au sol et les politiques qui s’y opposent.
Après plusieurs semaines de bombardements aériens en Syrie et en Irak, le président américain Barack Obama campe sur sa position de ne pas envoyer de troupes au sol, au-delà des « conseillers » bérets verts déjà déployés en Irak. Or, pour le chef d’état-major des armées américaines à la tête de la coalition internationale Martin Dempsey, défaire l’Etat islamique ne pourra se faire sans l’envoi de troupes au sol. Et l’évolution de la situation sur le terrain semble lui donner raison.
En dépit d’intenses bombardements, les djihadistes de Daesh vont de victoire en victoire et sont en passe de prendre le contrôle de la ville syrienne kurde de Kobané, qui fait déjà figure de ville martyre en raison de la résistance héroïque, mais désespérée des combattants kurdes. Ces derniers se retrouvent abandonnés, avec une armée turque stationnée à quelques kilomètres de là qui refuse d’intervenir et bloque même le passage de kurdes turcs désireux de secourir leurs frères.Et en Irak, une intervention d’hélicoptères de combat Apaches a empêché in extremis les djihadistes d’investir l’aéroport international de Bagdad, ce qui aurait privé le millier de militaires et de diplomates américains basés dans la capitale irakienne de leur unique porte de sortie.
C’est dans ce contexte que le général Dempsey a reçu lundi et mardi les chefs militaires de la coalition contre l’Etat islamique, qui compte 61 Etats dont 20 activement engagés, pour réfléchir sur les buts de guerre à court et moyen termes de cette coalition. Pour Martin Dempsey, les priorités sont la défense de Bagdad et de Ramadi, la capitale de la province d’Al-Anbar, déjà à 80% sous le contrôle des djihadistes ainsi que la reprise de Mossoul, la deuxième ville d’Irak.