Jusqu’à demain vendredi sont rassemblés à Singapour les pays qui ont accepté de participer à l’initiative chinoise de création d’une nouvelle institution de financement, la BAII (Banque Asiatique d’Investissement en Infrastructures). Ce rassemblement, qui a pour raison d’être la discussion des statuts de la nouvelle institution, fait apparaitre une divergence entre les raisons qui ont poussé à sa création et la direction que veulent lui donner ses promoteurs chinois.
A l’origine du projet de la BAII, la Chine a fait valoir la nécessité d’une institution réellement multilatérale, reprochant à la Banque mondiale d’être trop proche de Washington et à la Banque asiatique de développement d’être acquise à Tokyo. Mais, dans le même temps, la Chine cherche à associer la BAII aux lignes de sa politique étrangère, notamment la nouvelle route de la Soie promue par le président Xi Jinping pour accélérer les échanges avec ses voisins de l’ouest. Ce cas de figure ferait de la BAII un nouvel exemple de ce que la Chine critique avec tellement de véhémence dans la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement. La Chine s’efforce malgré de ne pas endosser l’image qu’elle donne aux Etats-Unis avec la Banque mondiale et au Japon avec la Banque asiatique de développement. Elle accepte de ne pas se doter de véto et laisse la direction de l’institution à un conseil d’une douzaine d’Etats membres. Pour rassurer ses voisins plus modestes que leurs voix seront entendues, la Chine propose de réserver neuf des sièges de ce conseil de direction aux Asiatiques.
La discussion des statuts représente ainsi une véritable bataille entre les pays participants. Pékin a déjà remporté la première bataille en réussissant à fédérer autour du projet de la BAII 56 pays, dont certains tels que la Corée du Sud et le Royaume-Uni comptent parmi les plus proches alliés des Etats-Unis qui ont tenté en vain de les en dissuader.