Au cours du week-end dernier, Wikileaks a publié des milliers de documents et câbles secrets sur l’Arabie Saoudite. Certaines de ces informations ne jouent certainement pas en faveur de la bonne image de ce pays.
Vendredi, Wikileaks a rendu publics environ 61 000 câbles et mémos du royaume wahhabite portant sur plusieurs années. Ce site lanceur d’alertes les a présentés comme des communications confidentielles authentiques des affaires étrangères saoudiennes. Dans le cadre d’une opération baptisée « The Saoudi Cables », Wikileaks entend poursuivre la divulgation des documents de ce type pour en atteindre 500 000. Ce lot comprendrait des communications d’ambassades, des échanges d’e-mails entre diplomates ainsi que des notes rédigées par d’autres structures de l’administration saoudienne. Selon Julian Assange, l’initiateur de Wikileaks, « Saudi Cables a mis en lumière une dictature qui devient de plus en plus imprévisible », a-t-il estimé par voie de communiqué publié vendredi. Et de poursuivre : « cette année, elle a non seulement célébré sa 100è décapitation, elle est aussi devenue une menace pour ses voisins ainsi que pour elle-même ».
En clair, ces documents évoquent, entre autres, les manœuvres diplomatiques saoudiennes pour atténuer l’influence de l’Iran, du régime syrien et du Hezbollah libanais. Ainsi, sur base d’un des câbles, Riyad serait très préoccupé par l’éventuel rapprochement entre Téhéran et Washington dans le cas d’un accord sur le nucléaire iranien. D’autres documents relatent les inquiétudes de l’Arabie Saoudite sur des sujets régionaux à l’instar du Yémen et des défis dus au Printemps arabe. A ce propos, il semble que les autorités saoudiennes ont essayé d’arracher la libération de l’ex-dirigeant égyptien Hosni Moubarak aux Frères musulmans contre une enveloppe de 10 milliards de dollars. Par ailleurs, ces câbles montrent aussi les efforts constants de la diplomatie saoudienne pour être dans les bonnes grâces de la presse occidentale (Australie, Canada, …) et arabe (Egypte, Liban,…). Ce, en apportant des aides ou participations financières ou même en corrompant certains responsables.
Comme il fallait s’y attendre, les autorités saoudiennes ont réagi samedi à la diffusion de ces câbles. Via son compte Twitter, le ministère des Affaires étrangères a mis en garde contre la publication de « documents qui pourraient être des faux ». Dans la foulée, une enquête a été ouverte et la diplomatie saoudienne a d’ores et déjà prévenu qu’elle engagera des poursuites contre toute personne liée à cette fuite d’informations.