Le ministère chinois des Affaires étrangères a publié dimanche dernier sur son site internet de nombreuses recommandations de prudence à l’intention de ses ressortissants voyageant en Turquie. Ces appels interviennent après plusieurs attaques motivées par le ressentiment suscité par la politique de Pékin dans la province du Xinjiang, où vivent les Ouïgours, des musulmans turcophones.
Les autorités chinoises recommandent entre autres à leurs ressortissants en Turquie d’éviter de sortir seuls dans les rues et de s’éloigner au maximum des manifestations antichinoises. Le gouvernement chinois a confirmé que des touristes ont été récemment « attaqués et importunés ». Dans la province de Balikesir, à l’ouest du pays, des militants nationalistes ont pendu une marionnette de Mao Zedong et ont appelé au boycott des produits chinois. Le quotidien turc Milliyet a rapporté que des membres d’un groupe ultranationaliste avaient attaqué samedi, près du palais Topkapi, à Istanbul, un groupe de touristes sud-coréens qu’ils avaient confondus avec des chinois. Un groupe de 5 ou 6 personnes ont saccagé un restaurant chinois dans le quartier Tophane d’Istanbul, qui était en fait tenu par un turc et dont le chef était Ouïgour.
La montée du sentiment antichinois en Turquie fait écho à la préoccupation croissante des autorités turques vis-à-vis du sort de la communauté ouïgour, victime supposée de persécutions et dont certains membres auraient été empêchés de jeûner pendant le Ramadan. Plusieurs centaines de manifestants se sont réunis ce weekend devant le consulat chinois d’Istanbul pour dénoncer le traitement de la communauté ouïgour du Xinjiang par la Chine, ce dont se défend Pékin. Entre les deux pays le ton monte et l’ambassadeur chinois en Turquie a été convoqué par Ankara la semaine dernière.