Selon les déclarations de la police et des témoignages, au moins quatre personnes ont été tuées depuis mardi soir dans plusieurs quartiers de Bujumbura, hauts-lieux de la contestation contre le 3e mandat du président Pierre Nkurunziza.
Plusieurs grenades ont explosé depuis le début de la matinée dans le quartier de Musaga, où des tirs continuaient d’être entendus. Des policiers ont également essuyé des tirs et des jets de grenades depuis mardi soir et durant la nuit dans les quartiers de Jabe et Nyakabiga (centre) et Musaga (sud), auxquels ils ont répliqué à l’arme automatique. Ce regain de violence survient après plusieurs jours de calme dans la capitale. « Deux insurgés ont été tués ce (mercredi) matin alors qu’ils tiraient en direction de la police à Jabe et leurs armes saisies », a annoncé le directeur adjoint de la police, le général Godefroid Bizimana, une opération de « fouille et perquisitions est en cours à Jabe, plusieurs armes ont été saisies ». Également deux corps ont été découverts mercredi matin à Musaga, selon des témoins et un responsable administratif. « Ces cadavres n’ont pas encore été identifiés, pas plus que les circonstances de leur assassinat », a précisé ce responsable. Pour la première fois depuis plus de deux mois, plusieurs barricades ont été érigées et des pneus enflammés mercredi dans le quartier où une opération de police était en cours, ont indiqué des habitants. « Le quartier de Musaga est ceinturé par la police et l’armée, les forces de l’ordre ont débuté une fouille systématique du quartier pour retrouver les armes utilisées pour tirer sur les policiers », a expliqué le général Bizimana. Les affrontements ont éclaté mardi soir quand des habitants ont décidé de reprendre les rondes de nuit après l’assassinat de deux militants d’opposition dimanche.
Durant les six semaines de manifestations, lancées fin avril, contre un 3e mandat jugé inconstitutionnel du président Pierre Nkurunziza, les habitants des quartiers contestataires de Bujumbura s’étaient largement barricadés et organisaient des rondes nocturnes pour empêcher la police et les militants pro-régime, accusés d’enlever et d’assassiner les opposants, d’y entrer. Tirs et explosions nocturnes étaient régulièrement entendues à Bujumbura, avant de connaître une certaine accalmie depuis la prestation de serment, le 20 août, du président Nkurunziza, réélu un mois auparavant lors d’une présidentielle jugée non crédible par la quasi-totalité de la communauté internationale.