Le gouvernement britannique a présenté des excuses officielles jeudi à l’ex-opposant libyen Abdelhakim Belhaj et à son épouse, Fatima Bouchar, de nationalité marocaine, pour le rôle qu’a joué Londres dans leur capture et leur transfert vers la Libye du colonel Mouammar Kadhafi dans les prisons de laquelle l’ancien opposant avait été détenu et torturé six ans durant.
La lettre de mea culpa signée par la Première ministre britannique a été lue solennellement au Parlement par le procureur général Jeremy Wright. Theresa May y reconnaît que le gouvernement britannique a joué un rôle dans l’arrestation du couple, mais dénonce également les « pratiques inacceptables de ses partenaires internationaux » dans une allusion claire aux services américains.
En plus de ces excuses, Londres va verser plus de 500 000 euros à l’épouse d’Abdelhakim Belhaj, mais rien à ce dernier qui n’a pas demandé de compensation financière et voulait surtout la reconnaissance publique des liaisons dangereuses entretenues par le gouvernement du travailliste Tony Blair avec l’ancien régime de Kadhafi. En acceptant cet accord, le couple Belhaj s’est engagé à retirer leurs poursuites judiciaires.
Abdelhakim Belhaj et sa femme, alors en enceinte, avaient été capturés en 2004 à Bangkok par les services secrets américains. Des documents retrouvés dans les bureaux de Moussa Koussa, chef des services de sécurité et du renseignement libyen à Tripoli, en 2011 après la chute du régime de Mouammar Kadhafi, ont révélé que cette arrestation avait été rendue possible grâce à des informations fournies par le renseignement britannique.
En 2012, le leader islamiste, devenu leader du parti politique conservateur Al-Watan et également homme d’affaires, avait entamé une bataille juridique pour exiger la vérité.