Les associations Sherpa et le Centre européen pour les droits constitutionnels et les droits de l’Homme (ECCHR) ont annoncé hier lundi avoir porté plainte pour «complicité de crimes contre l’humanité» contre le cimentier français Lafarge, accusé d’avoir financé des groupes armés en Syrie, dont l’organisation Etat islamique (EI).
Dans un communiqué commun, les deux ONG disent considérer que Lafarge s’est rendu coupable de complicité de crimes contre l’humanité en finançant l’Etat islamique pour pouvoir maintenir l’activité de son usine syrienne de Jalabiya, dans le nord du pays, au mépris des menaces sur la sécurité des employés locaux.
Après investigations, ajoute la même source, il s’est avéré que ce financent, à hauteur de plusieurs millions d’euros remis par des intermédiaires, a pris la forme de paiement de «taxes» au groupe EI pour permettre la circulation des marchandises et des salariés et d’achats de matières premières dont du pétrole à des fournisseurs proches de l’Etat islamique.
Sherpa et l’ECCHR estiment que Lafarge et ses dirigeants ne pouvaient pas ne pas savoir que l’Etat islamique se rendait coupable d’enlèvements de salariés, d’exactions contre les populations civiles, de crimes ciblés sur les minorités yézidies ou chrétiennes. En versant de l’argent à l’organisation terroriste, les dirigeants de Lafarge participaient financièrement à des crimes contre l’humanité, dans la région de l’usine en Syrie entre 2012 et 2015, mais également dans le reste du monde, poursuite le communiqué.
Jusqu’à présent, huit anciens cadres ou dirigeants du groupe ont été mis en examen dans ce dossier, dont l’ex-Président Directeur Général Bruno Lafont pour «financement d’une entreprise terroriste».
Les deux ONG estiment que la lutte contre l’impunité des multinationales devrait contribuer à les décourager de collaborer avec des régimes ou des groupes armés, ce qui ne fait qu’alimenter les conflits armés dans le monde.