Qui pourrait contester que le siècle passé fût incontestablement l’ère des évènements les plus graves et les plus marquants de toute l’histoire moderne ? En effet, nous pensons, qu’au moins trois événements majeurs ont changé le cours des choses, et que ce qui se vit aujourd’hui, et se vivra demain, n’est autre que la conséquence des deux guerres mondiales et de la guerre froide, au moins.
En effet, l’humanité a vécu les plus grands changements et mutations jamais vus. Deux grandes guerres ont récolté en 40 ans plus de 100 millions d’êtres humains, et un usage, pour la première fois, de deux bombes atomiques sur deux villes japonaises. L’infrastructure fût détruite, les ressources sont devenues très rares et il fallait tout reconstruire.
Si tous les alliés ont gagné les deux guerres, le plus grand gagnant reste incontestablement les Etats Unis d’Amérique.
En fait, à part la guerre civile, Nord-Sud, aucune guerre ne s’est déroulée sur le sol américain ! Cet avantage a fait de ce pays une locomotive du monde. Il approvisionnait ses alliés en armes, munition, denrées…enfin, tout.
En 1945, les États-Unis sont le seul pays allié resté intact : le territoire américain n’a pas été envahi et n’a pas connu de destructions massives, sauf à la suite de l’attaque japonaise sur Pearl Harbor en 1941. Alors que les belligérants européens connaissent une importante crise monétaire, les réserves américaines en or demeurent intactes, de même que l’agriculture et l’industrie.
Les États-Unis possèdent 2/3 du stock d’or mondial, et imposent un nouveau système monétaire international à la conférence de Bretton Woods (juillet 1944). Le dollar américain n’a pas perdu de sa valeur contrairement à d’autres unités monétaires et devient la monnaie de référence internationale (De fait, après l’accord de la Jamaïque annonçant les accords de Brettonwoods). Le PIB est ainsi passé de 517 milliards de dollars en 1939, à 1455 en 1950. Il s’est presque triplé en 10 ans !
La deuxième guerre mondiale finie, les alliés ne sont pas restés des alliés. Deux blocs se sont alors constitués. Le premier est dirigé par les Etats Unis, dit bloc de l’ouest, et le second, dit bloc de l’Est, dirigé par l’union soviétique ou encore l’URSS.
Une troisième guerre s’est déclenchée, bien que dite froide. A ce niveau, il faut dire que la politique des États-Unis n’a pas toujours plut à ses nouveaux alliés occidentaux. Ceux-ci n’ont pas, depuis, toléré cette hégémonie américaine et ont souvent trouvé des arrangements avec les anciens présidents, malgré un peu de réticence. Les affaires étrangères (foreign policy) étaient fondées sur le principe « préserver ses amis et en chercher d’autres ».
Avec l’actuel président, Donald Trump, connu pour son approche purement mercantiliste, les règles ont changé et tout le monde doit payer. L’intérêt des américains doit toujours primer et gare à celui qui ose contester un tel fait !
Parmi ceux-ci la France, qui, devant le volume du business réalisé par quatre grandes entreprises américaines, s’est voulue appliquer une taxe sur les recettes collectées par Google, Amazon, Facebook et Apple, qu’elle appelle la taxe GAFA. La taxe sur les services numériques (dite taxe GAFA) est un projet de loi français de contribution sur les entreprises du numérique exerçant trois types d’activité en France (publicité ciblée en ligne, vente de données personnelles à des fins publicitaires et des activités de plateformes d’intermédiation). Elle est définitivement adoptée par le Parlement le 11 juillet 2019. En 2015, les GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple) pesaient 1675 milliards de dollars, tandis que toutes les entreprises françaises cotées au CAC 40 représentaient 1131 milliards de dollars. Évidemment, la riposte du président américain ne tarda pas. « La France vient d’imposer une taxe du numérique à nos grandes entreprises technologiques américaines. Si quelqu’un devait les taxer, cela devrait être leur pays d’origine, les Etats-Unis », a tweeté le président américain le 26/7/2019. « Nous annoncerons bientôt une action réciproque substantielle après la stupidité de Macron. J’ai toujours dit que le vin américain était meilleur que le vin français! », a ajouté l’hôte de la Maison Blanche, qui dit ne pas boire de d’alcool. Une telle initiative française semble pourtant ouvrir l’appétit à d’autres « alliés » comme la Grande Bretagne, l’OCDE, et le Canada, qui vient de décider de calquer la taxe française, avec des retouches principalement dues à son engagement avec les USA dans le cadre de l’ALENA.
A notre sens, le conflit entre les Etats Unis et la France n’est autre que l’arbre qui cache la forêt. Si la taxe GAFA a mis au diapason un conflit économique qui pourrait trouver une issue prochainement, surtout après l’apaisement affiché par les deux présidents (Trump et Macron), et la montée au créneau de certains pays et de groupements ; une divergence en croissance est à enregistrer entre l’administration Trump et le reste des alliés stratégiques, spécialement sur le rôle que devra jouer les USA sur la scène géopolitique et militaire.
Ces différends ont été clairs durant les derniers sommets du G7 et ceux de l’OTAN, et d’aucuns considèrent que de nouvelles alliances verraient le jour, surtout après le retour de la Russie sur la scène internationale, défendant ses intérêts géostratégiques et se cherchant des alliés hors du commun, qui pourraient lui conférer le rôle de locomotive du Monde, spécialement en l’émergence de géants comme la Chine et l’Inde, sauf que cette fois ci, les alliances se feront sur la base des intérêts et non sur la base de l’idéologie.
La relation entre l’Europe et les Etats Unis risque de se perturber davantage avec la montée du populisme dans les deux camps, et l’on prévoit plus de duels et de conflits entre les deux pôles, et qui profiteront sûrement à une nouvelle alliance qui pourrait comporter des pays européens telles que la France et l’Allemagne, des pays asiatiques comme la Chine et l’Inde,et qui sera dirigée, très probablement, par un pays euro asiatique, à savoir la Russie.
Une nouvelle page de l’Histoire est en train de s’écrire.