La République islamique se prépare à être au centre d’une nouvelle escalade après l’assassinat d’un éminent physicien nucléaire iranien, dont les funérailles se tiennent lundi, et pour lequel Israël est suspecté par Téhéran.
Le ministère iranien de la Défense, qui l’a présenté comme le chef de son département recherche et innovation, chargé notamment de la « défense anti-atomique », a indiqué que Mohsen Fakhrizadeh a été tué vendredi dans une attaque au véhicule piégé suivie d’une fusillade contre sa voiture.
Israël, qui présentait Mohsen Fakhrizadeh comme la tête pensante d’un programme nucléaire militaire secret dont Téhéran a toujours nié l’existence, est évidemment pointé du doig et l’Iran se prépare à une riposte contre l’Etat sioniste et ses intérêts.
Au Parlement iranien, les députés ont signé à l’unanimité un appel à venger le savant. Alors que le président Hassan Rohani avait déclaré que son pays « ne tomberait pas dans le piège» tendu par Israël, ils plaident en faveur d’une loi par laquelle l’Iran cesserait d’autoriser l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) à inspecter ses installations nucléaires.
Dans un violent éditorial, le journal ultraconservateur Kayhan a appelé dimanche, à attaquer le port israélien d’Haïfa de façon à « détruire totalement ses infrastructures » et à faire de nombreux morts s’il est « prouvé » qu’Israël est derrière la mort de Fakhrizadeh.
La réaction iranienne pourrait doucher les espoirs d’une détente dans les rapports entre Washington et Téhéran. Depuis l’annonce de la victoire de Joe Biden à la présidentielle américaine, le président iranien Hassan Rohani a multiplié les signes d’ouverture montrant sa volonté de sauver ce qui peut l’être de l’accord international sur le nucléaire conclu à Vienne en 2015.
Cet accord offre à Téhéran un allègement des sanctions internationales en échange de garanties, vérifiées par l’AIEA, destinées à attester de la nature exclusivement pacifique de son programme nucléaire.
Mais le président sortant des Etats-Unis, Donald Trump en a retiré unilatéralement son pays en 2018 du dit accord nucléaire iranien et les sanctions imposées ou réimposées par Washington à l’Iran ont plongé l’économie de ce pays dans une violente récession et poussé l’Iran à suspendre l’application de la plupart de ses engagements, à l’exclusion de l’accès aux inspecteurs de l’AIEA aux sites nucléaires iraniens.