Le site anglais d’investigation en ligne Bellingcat a révélé hier lundi, enregistrement à l’appui, qu’un agent des services secrets russes aurait accidentellement confessé la tentative d’assassinat à l’encontre de l’opposant russe Alexeï Navalny .
Cette confession inattendue s’inscrit dans le cadre de récentes investigations autour de l’empoisonnement du militant russe, lancées conjointement par plusieurs médias, dont Bellingcat, CNN et Der Spiegel.
Fondée sur l’analyse de données notamment téléphoniques et de voyages ayant fait l’objet de fuites en ligne en Russie, cette enquête révèle que huit agents du FSB, les services de sécurité russes, spécialistes des armes chimiques, assuraient une filature de l’opposant depuis 2017 et auraient notamment été présents le 20 août à Tomsk.
Alexeï Navalny assure avoir obtenu le numéro de téléphone de l’un de ces agents, Konstantin Koudriavtsev, via le site Bellingcat et l’aurait appelé pendant 49 minutes au matin du 14 décembre, quelques heures avant que les médias partenaires ne publient les conclusions de leur enquête sur l’empoisonnement du militant russe.
Alexeï Navalny, qui a publié sur son blog la conversation, explique avoir déguisé son numéro de téléphone via un banal programme VPN et s’être présenté comme un assistant du Secrétaire du Conseil de sécurité russe et proche de Vladimir Poutine, Nikolaï Patrouchev, et a fait croire à son interlocuteur qu’il avait besoin de son témoignage pour rédiger un rapport sur la tentative d’assassinat de l’opposant.
Hésitant au départ, Konstantin Koudriavtsev, qui laisse entendre qu’il n’a pas participé à l’empoisonnement lui-même mais à la destruction de preuves a posteriori, finit par déclarer qu’il estime que l’opposant a survécu grâce au pilote de l’avion à bord duquel il était lorsqu’il a fait son malaise, qui a raccourci le vol en décidant d’atterrir en urgence à Oms, et aux urgentistes qui l’ont pris en charge et lui ont rapidement administré un antidote quelconque.
Alexeï Navalny avait fait un malaise le 20 août, à bord d’un avion devant le ramener à Moscou depuis la ville sibérienne de Tomsk, où il était venu soutenir des candidats à une élection municipale et tourner une enquête sur la corruption des élites locales.
Un laboratoire militaire allemand, puis des laboratoires français et suédois, avaient conclu à son empoisonnement par une substance de type Novitchok, conçue à des fins militaires à l’époque soviétique, ce que Moscou réfute. Le Kremlin n’a d’ailleurs jamais ouvert d’enquête criminelle.