Venezuela : le pouvoir s’installe au Parlement

La nouvelle assemblée nationale vénézuélienne, à 90% chavistes, s’est installée hier mardi comme prévu par la constitution alors que son ancien président Juan Guaido, déterminé à résister, a tenu une session de « son » assemblée nationale, dominée par l’opposition qui ne reconnaît pas le verdict « frauduleux » des urnes.

Les députés élus sont entrés dans l’hémicycle entourés d’une forte présence policière. En parallèle, l’Assemblée constituante, composée de fidèles du pouvoir et destinée depuis 2017 à neutraliser les décisions des parlementaires d’opposition, a cessé mardi ses fonctions.

Le Parlement était l’unique institution jusqu’alors aux mains de l’opposition. Malgré une abstention record de 70% et le rejet des résultats par une grande partie de la communauté internationale, les députés du Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) et de ses alliés occupent désormais 256 des 277 sièges du Parlement unicaméral suite aux élections législatives du 6 décembre dernier. Le nouveau bureau de l’assemblée a comme président l’ancien ministre de la communication Jorge Rodriguez.

Le chef de file de l’opposition Juan Guaido, ancien président de l’Assemblée nationale et autoproclamé président par intérim du pays, reconnu comme tel par plus de cinquante pays, a réuni une assemblée parallèle dans un « lieu tenu secret pour des raisons de sécurité » de l’est de Caracas. A cette occasion, il a de nouveau prêté serment en tant que président de l’Assemblée. Fin décembre, il a fait voter une loi prolongeant le mandat des députés « jusqu’à ce que des élections libres soient organisées ».

Si l’opposition espère continuer à recevoir un soutien international, certains experts soulignent que cette assemblée parallèle n’a pas de fondements légaux constitutionnels. Face à la résistance au pouvoir d’un Nicolas Maduro largement soutenu par l’armée, Juan Guaido semble avoir perdu le soutien populaire dont il jouissait en 2019 alors que le pays est étouffé par une inflation galopante (+ 4 000% sur un an), paralysé dans d’interminables files d’attente pour faire le plein d’essence, et excédé par les coupures de courant et les pénuries d’eau.

Andreï Touabovitch