Lors d’une visioconférence hier mardi avec le commissaire européen à l’Energie, Kadri Simson, le ministre de l’Energie du Qatar, Saad al-Kaabi a averti que, malgré ses formidables réserves d’hydrocarbures, le Qatar ne pourra pas à lui tout seul, compenser les dizaines de milliards de mètres-cubes de gaz russe qui viendraient à manquer en cas de rupture de l’approvisionnement de l’Europe par la Russie, une conséquence prévisible si cette dernière envahit l’Ukraine.
Le volume d’approvisionnement en gaz de l’Europe nécessiterait une aide collective et internationale si l’on ne veut pas provoquer de perturbations dans l’approvisionnement d’autres régions du monde.
Par exemple, l’Allemagne à elle-seule a reçu en 2021, près de 50,2 milliards de mètres-cubes de la société russe Gazprom, qui approvisionne aussi l’Italie, la Turquie, la Bulgarie, la Serbie, le Danemark, la Finlande et la Pologne.
La menace qui pèse sur la sécurité énergétique de l’Europe se fait de plus en plus précise au vu de la flambée de tensions diplomatiques qui fait craindre l’imminence d’une invasion de l’Ukraine par l’armée russe, et le manège ces dernières semaines autour du gazoduc Yamal avec des flux d’approvisionnement qui repartent inopportunément en sens inverse.
Certes, le Qatar est prêt à apporter son aide à l’Europe «en cas de besoin», mais un soutien unilatéral ne suffira pas. Bien que premier exportateur mondial de gaz naturel liquéfié, le Qatar est déjà au maximum de ses capacités de production et doit en plus honorer des contrats à long terme avec ses clients asiatiques.
Des experts estiment que l’Europe ne peut obtenir des approvisionnements d’urgence que sin les principaux clients d’Asie de l’Est parmi lesquels le Japon et la Corée du Sud acceptent que certaines de leurs livraisons soient réaffectés. Les Etats-Unis, qui cherchent des alternatives au gaz russe pour aider l’Europe, ont également discuté avec l’Australie de l’approvisionnement en gaz et pourraient fournir leur propre gaz naturel.