L’ONG Amnesty International a publié ce mardi un rapport détaillé sur la manière dont l’Etat israélien traite les Palestiniens et aboutit à la conclusion que ce «système cruel de domination» constitue «un crime d’apartheid».
Ce rapport est étayé par quatre années d’enquête qui relèvent des « politiques cruelles de ségrégation, de dépossession et d’exclusion» imposées aux Palestiniens.
Le rapport pointe les nombreuses destructions de maisons, les manifestants tués à la frontière de Gaza, les transferts de population, les limitations de déplacement, les discriminations économiques, ou l’impossibilité d’acquérir une nationalité ou citoyenneté.
Pour Amnesty International, ce système d’apartheid concerne aussi bien les Palestiniens des Territoires occupés (Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est) que ceux à l’intérieur des frontières reconnues d’Israël et même les réfugiés empêchés de rentrer dans leur ancien lieu de résidence.
Amnesty International accuse la nouvelle loi fondamentale adoptée en 2018 qui définit Israël comme «l’Etat-nation du peuple juif» d’institutionnaliser la discrimination contre la population palestinienne.
Amnesty International en appelle à la Cour Pénale Internationale (CPI) de La Haye et à tous les Etats prêts à exercer la compétence universelle « afin de traduire en justice les personnes responsables de crimes d’apartheid» à l’encontre du peuple palestinien.
Elle demande également la mise en place d’un embargo sur les armes, les munitions et les équipements de maintien de l’ordre «au vu des milliers de Palestiniens tués illégalement par les forces israéliennes».
La conclusion d’Amnesty International vient renforcer le constat déjà établi par les organisations B’tselem et Human Rights Watch par exemple. Avant sa publication, le ministère israélien des Affaires étrangères avait dès hier lundi qualifié le rapport d’Amnesty International de «faux, biaisé et antisémite», relayant les «mensonges diffusés par des organisations terroristes».
Depuis qu’elle est formulée par des organisations palestiniennes d’abord, israéliennes et internationales ensuite, et qu’elle fait débat aux Nations unies, Israël réfute avec force l’accusation d’apartheid, ce terme qui renvoie au régime de ségrégation raciale en vigueur en Afrique du Sud après la Seconde guerre mondiale, et qui vise un système institutionnalisé «d’oppression et de domination mise en œuvre par un groupe racial sur un autre».