Le ministre taïwanais de la Défense a annoncé lundi soir une incursion massive des forces aériennes de l’APL (Armée populaire de libération) dans la Zone d’identification de défense aérien (ZIDA), ou en anglais ADIZ (Air Defense Identification Zone), de Taïwan avec 30 avions dont plus de 20 chasseurs. Ces incursions sont les plus importantes depuis le 23 janvier dernier, quand 39 avions militaires chinois avaient pénétré dans la ZIDA de Taïwan.
Taïwan a fait décoller sa chasse et activé ses systèmes sol-air de missiles de défense aérienne pour parer à toute évolution belliqueuse de la situation.
Mais comme à leur habitude dans ce genre de situation, les appareils chinois ont fait un petit tour, puis ont rebroussé chemin en franchissant en sens inverse le détroit de Taïwan, cette zone si éminemment sensible.
Si cela fait plusieurs années que la Chine viole régulièrement l’espace aérien taïwanais, ces incursions ont connu une très forte augmentation de +255% depuis un an, avec un record de 969 incursions aériennes militaires chinoises enregistrées en 2021.
Ces incursions se sont encore intensifiées depuis le début de cette année, au cours de laquelle Taïwan a fait état de 465 incursions, soit une augmentation de près de +50% par rapport à la même période de l’an dernier.
Bien que l’ADIZ de Taïwan soit plus large que son espace aérien et recoupe en certains points la propre ADIZ de la Chine, voire son territoire, ces incursions chinoises n’en sont pas moins délibérées.
Les observateurs interprètent ces violations de l’espace aérien taïwanais comme un moyen pour la Chine communiste de maintenir la pression sur les nationalistes chinois qui se sont repliés sur l’île en 1949 et de leur rappeler constamment sa volonté implacable de réintégrer ce bout de territoire.
Mais ce serait aussi pour la Chine un moyen de manifester son mécontentement vis-à-vis des Américains qui, au fil d’une histoire complexe, sont devenus à partir des années 1970, les protecteurs officieux des nationalistes chinois de Taïwan via le dogme de «l’ambiguïté stratégique» sur la possibilité ou non d’une intervention militaire directe.