Le conseil des gouverneurs de l’AIEA, l’Agence internationale de l’énergie atomique, a adopté hier mercredi dans la soirée une résolution rappelant formellement à l’ordre l’Iran pour son manque de coopération dans le suivi de la mise en œuvre de l’accord de 2015 sur son programme nucléaire.
La résolution a été approuvée par trente membres du conseil des gouverneurs réuni à Vienne. Seules la Russie et la Chine ont voté contre. Et trois pays, l’Inde, la Libye et le Pakistan, se sont abstenus.
Déposé par les Etats-Unis et l’E3 (Royaume-Uni, France et Allemagne), le texte est le premier blâme envers Téhéran voté à l’agence onusienne depuis juin 2020. Il exhorte l’Iran à « coopérer » avec l’AIEA, qui a déploré dans un récent rapport l’absence de réponses « techniquement crédibles » concernant des traces d’uranium enrichi retrouvées sur trois sites non déclarés.
Au cours des débats devant le Conseil des gouverneurs, Londres, Paris et Berlin ont dénoncé « un programme nucléaire avancé comme jamais auparavant », et des activités « sans justification civile crédible ».
Les dernières estimations de l’AIEA estiment que l’Iran aura bientôt accumulé suffisamment d’uranium enrichi à 60% pour construire une bombe. Et selon des informations de l’AIEA présentées mercredi au conseil, Téhéran a informé l’agence de son intention d’étendre encore ses capacités d’enrichissement sur le site de Natanz, dans le centre du pays.
A ce stade, la résolution adoptée hier n’a qu’une portée symbolique. Mais elle peut être le prélude à une transmission du contentieux au Conseil de sécurité des Nations unies, qui lui est habilité à prendre des sanctions.
De son côté, Téhéran dément toute visée militaire. Mohammad Eslami, le chef de l’OIEA, l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, a accusé les Occidentaux de vouloir « maintenir une pression maximale » avec cette résolution « politique ».
Selon un communiqué de l’OIEA, avant même le vote, la République islamique avait en guise de riposte débranché « plusieurs caméras » installées par l’AIEA sur des « sites nucléaires » du pays, laissant toutefois « plus de 80% des caméras existantes » en fonctionnement conformément à l’accord de sauvegarde. Behrouz Kamalvandi, le porte-parole de l’OIEA, a averti que « d’autres mesures étaient envisagées ».