L’entreprise d’Etat russe Gazprom a totalement fermé les vannes hier lundi du gazoduc Nord Stream 1, le plus gros gazoduc alimentant l’Europe de l’Ouest, officiellement pour une opération de maintenance annuelle de 10 jours.
Si celle-ci était annoncée de longue date et ne devrait donc n’être qu’une formalité technique, les Occidentaux s’inquiètent, dans le contexte en Ukraine et du bras de fer entre Moscou et les Occidentaux sur l’énergie, que cette coupure ne soit pas que temporaire.
La crainte est que la Russie ne soit tentée de clouer le bec de gaz aux Européens pour leur faire payer leur soutien à l’Ukraine, quitte à se priver de cette manne qui lui a rapporté 20 milliards d’euros. Depuis plusieurs semaines déjà, Nord Stream 1 avait réduit ses livraisons de 60%. La Russie a également rogné sur les flux du gazoduc TAG vers l’Italie (-35%) et l’Autriche (-70%).
L’an dernier, 40% du gaz consommé au sein de l’Union européenne provenait de Russie, avec d’énormes disparités entre les pays, de 17% en France par exemple, à 44% et 55% respectivement en Italie et en Allemagne, jusqu’à 80% en Autriche.
Et avec l’ouverture du flambant neuf Nord Stream 2, suspendue par l’invasion en Ukraine, cette dépendance se serait encore accrue. A la place, mi-mai, la Commission européenne a dit vouloir diviser par trois les importations en passant de 155 milliards de mètres-cubes en 2021 à 50 en 2022.
Pour l’instant, les Européens, plus que par les énergies renouvelables, compensent en important du GNL (gaz naturel liquéfié), surtout des Etats-Unis, via leurs 29 terminaux méthaniers. Berlin a aussi engagé des discussions avec le Qatar, et Rome vient d’accroître ses importations depuis l’Algérie.
Si ces importations en provenance de Russie ont déjà été réduites de moitié, il n’y a pas assez de gaz disponible et, à court terme, la solution serait de limiter la consommation ou de se tourner vers d’autres énergies, le pétrole, ou, pire, le charbon, alors que l’Union européenne vise toujours la fin du recours au gaz fossile en 2050. Berlin, Rome, Amsterdam et Vienne relancent déjà leurs centrales à charbon.