Emboîtant le pas à ses voisins algériens qui ont chassé manu-militari les immigrés africains de leur pays, le président tunisien, Kaïs Saïed s’est violemment attaqué dans des termes «haineux et raciste» aux immigrés subsahariens présents en Tunisie, qu’il a qualifiés de «hordes de migrants clandestins», tout en affirmant que leur présence était source de «violence, de crimes et d’actes inacceptables».
Le président Saied qui s’exprimait mardi lors d’une réunion du Conseil de sécurité nationale, s’est prononcé pour des «mesures urgentes qui doivent être prises pour faire face à l’arrivée en Tunisie d’un grand nombre de migrants clandestins en provenance d’Afrique subsaharienne », selon un communiqué de la présidence.
Mais ces propos ne sont pas passés inaudibles. Bien au contraire, ils ont suscité partout des critiques en Tunisie comme en Afrique et ont profondément choqué l’opinion africaine et la société civile en Tunisie.
Réagissant à chaud, aux propos de Saied, le porte-parole du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), Romdhane Ben Amor a soutenu que « le président instrumentalise la crise des migrants pour détourner l’attention de l’opinion publique des questions économiques et sociales en inventant un nouveau danger ».
« Ce discours raciste et haineux marque un jour triste» dans le pays des Jasmins et «provoque une grande déception et une grande consternation », a ajouté Ben Amor.
Cherchant visiblement à voiler les sérieux problèmes politiques et les difficultés économiques dans lesquels s’est enlisée la Tunisie sous son règne, le président Kais Saied a accusé les migrants africains d’en être en grande partie la cause et seraient en passe d’«africaniser» la Tunisie et de l’éloigner de son «arabité», ont déploré ce mercredi, plusieurs ONG tunisiennes et internationales.
Le discours de Saied, qui concentre tous les pouvoirs après avoir suspendu en juillet 2021 le Parlement et limogé le gouvernement, survient alors que son pays traverse une grave crise politique et économique marquée par des pénuries récurrentes de produits de base et des arrestations en série parmi les opposants politiques et les acteurs de la société civile qui osent critiquer le mode gestion actuel du pays.