Des tirs en direct sur un plateau de télévision, des gardiens de prison et des policiers pris en otages, des écoles et des magasins fermés : le président équatorien, Daniel Noboa, qualifie la situation actuelle de « conflit armé interne » avec les gangs de narcotrafiquants, ayant déjà causé au moins 10 morts.
Face à cette crise sécuritaire sans précédent, le président Noboa a émis un décret mardi ordonnant « la mobilisation et l’intervention des forces armées et de la police nationale » afin de « garantir la souveraineté et l’intégrité nationale contre le crime organisé, les organisations terroristes et les belligérants non-étatiques ».
Suite à la déclaration de l’état d’urgence lundi, conséquence de l’évasion d’un chef de gang redouté, le président de 36 ans a également ordonné mardi la « neutralisation » des bandes criminelles, fournissant une liste exhaustive, tout en soulignant la nécessité d’agir « dans le respect des droits de l’homme ».
L’Équateur, devenu le principal point d’exportation de la cocaïne produite au Pérou et en Colombie voisins, est actuellement frappé par une violence croissante. Les assassinats dans les rues ont augmenté de 800% entre 2018 et 2023, atteignant 46 pour 100 000 habitants. L’année dernière, 7 800 homicides ont été enregistrés, avec la saisie de 220 tonnes de drogues.
Le chef des Choneros, Adolfo Macias, alias « Fito » (44 ans), s’est évadé dimanche de la prison de Guayaquil, suivie de la fuite de Fabricio Colon Pico, un chef des Los Lobos, un autre gang puissant.
La situation a conduit le Pérou à déclarer l’état d’urgence le long de sa frontière avec l’Équateur, tandis que la France a recommandé à ses ressortissants de différer leurs voyages dans le pays. La Chine a suspendu l’accueil du public dans ses missions diplomatiques, et la Russie a conseillé à ses ressortissants de prendre en compte l’instabilité de la situation et d’éviter les lieux publics.
Les États-Unis ont exprimé une « extrême préoccupation » face à la violence et se disent prêts à fournir de l’assistance, tandis que le Brésil, le Chili, la Colombie et le Pérou ont exprimé leur soutien à l’Équateur.
Des événements choquants ont également marqué la crise, avec des hommes armés prenant brièvement en otage des journalistes sur un plateau de télévision à Guayaquil, ainsi que des mutineries et prises d’otages dans plusieurs prisons, dont des vidéos troublantes montrant des gardiens menacés et des exécutions d’au moins deux gardiens. Actuellement, 139 membres du personnel pénitentiaire sont toujours retenus en otage dans cinq prisons du pays. L’état d’urgence, déclaré pour 60 jours, s’étend à l’ensemble du pays.