Election présidentielle en Iran : Tensions et incertitudes autour d’un candidat réformateur émergent

Ce vendredi, 61 millions d’Iraniens sont appelés à se rendre aux urnes pour élire leur prochain président, dans un climat d’incertitude accentué par la montée en puissance d’un candidat réformateur face à une opposition conservatrice divisée. Le scrutin a débuté à 08H00, heure locale, dans les 58 640 bureaux de vote à travers le pays, s’étendant de la mer Caspienne au nord au Golfe dans le sud.

Cette élection présidentielle a été organisée rapidement après le décès tragique du président Ebrahim Raïssi dans un accident d’hélicoptère le 19 mai. Elle revêt une importance particulière sur la scène internationale, alors que l’Iran, un acteur majeur au Moyen-Orient, est impliqué dans plusieurs crises géopolitiques, incluant le conflit à Gaza et les négociations nucléaires avec les pays occidentaux.

Quatre candidats, tous âgés entre cinquante et soixante-dix ans, sont en lice. Si aucun ne remporte la majorité absolue, un second tour aura lieu le 5 juillet, une rareté depuis la fondation de la République islamique il y a 45 ans. Les résultats officiels sont prévus pour dimanche, avec des estimations dès samedi.

Le candidat réformateur Massoud Pezeshkian, relativement méconnu avant cette élection, suscite un intérêt particulier. Soutenu par des figures comme l’ancien président Mohammad Khatami, il représente un espoir renouvelé pour les camps réformateur et modéré, marginalisés ces dernières années par les conservateurs et ultraconservateurs.

En face, les conservateurs sont divisés entre Mohammad-Bagher Ghalibaf, président conservateur du Parlement, et Saïd Jalili, ancien négociateur ultraconservateur sur le nucléaire, opposé à toute normalisation avec l’Occident.

Pour espérer l’emporter, Pezeshkian mise sur une participation électorale accrue par rapport aux scrutins précédents, où près de la moitié des électeurs n’avaient pas voté en 2021, notamment en raison de l’absence de candidats réformateurs de premier plan.

Quel que soit le résultat, le pouvoir présidentiel en Iran reste limité, le président devant appliquer les orientations politiques définies par le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei. Les débats ont également porté sur des questions sensibles telles que l’accord nucléaire de 2015 et les droits des femmes, y compris le port obligatoire du voile.

L’issue de cette élection aura probablement des implications limitées, le véritable pouvoir étant concentré entre les mains du guide suprême, qui a souligné l’importance de choisir un président fidèle aux principes de la Révolution islamique tout en maintenant des relations avec le monde extérieur.

 

Andreï Touabovitch