Des sources du secteur ont annoncé l’achèvement de la construction d’un nouvel oléoduc partant du Kurdistan. Il permettra à cette région autonome du Nord de l’Irak d’augmenter considérablement ses exportations pétrolières, au risque d’envenimer davantage ses relations avec le gouvernement central de Bagdad.
Le pipeline en question, conçu à l’origine pour transporter du gaz, doit être achevé au troisième trimestre de cette année. Avec une capacité de 300 000 barils par jour, il partira du gisement de Tak Tak, géré par la société Genel Energy. La Turquie est très impliquée dans ce projet. Déjà, c’est à une société turque qu’a été confiée la construction du pipeline. Ensuite, celui-ci sera raccordé au niveau de la station de pompage de Fichkhabour près de la frontière turque à l’oléoduc déjà en service qui relie Kirkouk dans le nord le nord de l’Irak au port turc de Ceyhan. Celui-ci deviendrait alors la porte de sortie vers les marchés internationaux du pétrole du Kurdistan irakien. Selon le ministre de l’Energie du gouvernement régional du Kurdistan, ce nouveau couloir pourrait permettre d’acheminer plus de trois millions de barils par jour d’ici 2019.
Si cette nouvelle est bonne pour le gouvernement du Kurdistan, elle l’est beaucoup moins pour le gouvernement central irakien. Bagdad considère les exportations kurdes illégales alors que le Kurdistan considère qu’elles sont garanties par la constitution fédérale irakienne. Le gouvernement central craint que le développement d’un commerce direct entre le Kurdistan et la Turquie n’encourage les tendances séparatistes du Nord qui pourraient aboutir sur une partition du pays.
La Turquie, qui a beaucoup à gagner dans cette affaire, s’implique dans la résolution de la question. Le ministre turc de l’Energie s’est déclaré favorable au scénario dans lequel les revenus des exportations pétrolières reviendraient à 83% à Bagdad et à 17% au Kurdistan.