Des hommes armés se sont livrés hier dimanche à des actes de sabotages contre plusieurs ministères ainsi que le siège de la télévision nationale libyenne. Ces faits de violence, quelques jours à peine après l’attentat à la voiture piégée contre l’ambassade de France à Tripoli, illustrent les difficultés du pouvoir libyen à maintenir l’ordre dans le pays.
Les miliciens ont encerclé les ministères de l’Intérieur, des Affaires étrangères et le siège de la chaîne, réclamant l’adoption rapide d’une loi pour exclure des postes de haut rang dans la nouvelle administration les anciens responsables sous le régime du Colonel Kadhafi. Cette loi très sensible est actuellement en examen par le CGN (Congrès Général National). Mais l’inquiétude que soulèvent ces incidents ne réside pas dans la revendication en elle-même, mais plutôt dans la manière qui montre que le pouvoir en place a beaucoup de peine à assoir son autorité.
Les forces de sécurité, armée et police, sont désorganisées, et selon des sources diplomatiques occidentales, de nombreux groupes djihadistes expulsés du nord du Mali se sont introduits dans le pays via l’Algérie et le Niger, profitant des faiblesses de la sécurité des frontières.Cette situation, aggravée par l’importante circulation d’armes, explique les nombreuses attaques dont sont victimes les diplomates, les organisations humanitaires ou encore les églises. Plusieurs responsables de sécurité libyens, dont 22 à Benghazi pour l’unique année 2012,ont été assassinés sans que les forces de l’ordre ne parviennent à identifier ou arrêter les auteurs de ces attaques. Soit elles n’ont pas les moyens d’enquêter correctement ou alors elles craignent les représailles des groupes derrière ces attaques.
L’unification des milices est encore loin d’être une réalité car même si officiellement une bonne partie d’entre elles travaillent pour le gouvernement, leur loyauté va encore à leur commandant de terrain, dont les intérêts ne sont pas toujours les mêmes que ceux du pouvoir central.