L’université George-Washington a publié mercredi dernier des archives déclassifiées de la NSA. Elles révèlent la surveillance par l’agence de renseignement américaine de personnalités américaines dans les années 1960 et 1970 alors que le pays était engagé dans une guerre au Vietnam.
Entre 1967 et 1973, la NSA avait mis en place le programme « Minaret » qui lui permettait de surveiller les communications internationales de 1 650 citoyens américains. Elle pouvait ainsi surveiller leurs liens avec l’étranger au profit des administrations Johnson et Nixon. Etaient plus particulièrement ciblés les militants des droits civiques et les opposants à la guerre du Vietnam tels que le Révérend Martin Luther King Junior, le boxeur Mohammed Ali ou encore l’éditorialiste du Washington Post Art Buchwald. La révélation de ces activité d’espionnage remonte à 1975 mais la récente déclassification de ces archives rendues publiques pour la première fois citent deux influents sénateurs qui étaient également sous le coup de la surveillance de la NSA.
Le premier est le sénateur démocrate de l’Idaho Frank Church, allié de Lyndon Johnson, favorable dans un premier temps à l’intervention américaine au Vietnam avant de devenir de plus en plus critique contre elle. Le second est le sénateur républicain du Tennessee Howard Baker, qui critiquait l’administration Johnson estimant qu’elle n’allait pas assez loin pour s’assurer la victoire au Vietnam mais était resté sous surveillance pendant la présidence de Richard Nixon dont il soutenait pourtant la politique vietnamienne.
Cette affaire avait à l’origine de la création en 1978 de la FISC (Foreign Intelligence Surveillance Court), un tribunal chargé de superviser les activités de la NSA et de s’assurer de leur légalité. Cette institution n’a toutefois pu empêcher les nouvelles intrusions de l’agence dans la vie privée des américains révélée ces derniers mois par son ancien consultant Edward Snowden.