Le déploiement de soldats russes en Ukraine a donné une ampleur nouvelle et inquiétante à la crise ukrainienne. Mais aux évènements et déclarations qui présagent une escalade, les longues et profondes relations économiques entre les deux pays suggèrent qu’ils ont intérêt tous les deux à un apaisement de la situation.
Depuis plusieurs années, la Russie développe deux projets de gazoducs qui la contournent. Le premier, opérationnel depuis 2011 et inauguré en présence de Vladimir Poutine, a été baptisé Nordstream et passe par le nord de la mer Baltique. Le second, au sud, est encore en construction. Mais en attendant, la Russie est toujours fortement dépendante de son gazoduc ukrainien qui permet encore la satisfaction d’une grande partie des besoins européens en énergie, en plus de l’Ukraine dont le marché du gaz représente 30 milliards de dollars.
Les deux pays sont interdépendants dans plusieurs autres domaines tels que les transports, l’énergie et même l’aéronautique. L’une des principales exportations ukrainiennes vers la Russie sont les wagons de chemin de fer que le pays construit. Une bonne partie de l’électricité consommée en Russie provient de centrales nucléaires ukrainiennes datant de l’époque soviétique et qui fonctionnent grâce à du combustible nucléaire produit en Russie à partir de l’uranium extrait en Ukraine. Plusieurs ingénieurs russes travaillent également dans les grands chantiers navals ukrainiens datant de l’époque communiste.
Enfin, le facteur financier est également à prendre en compte.Vladimir Osakovsky, un analyste de Merril Lynch, estime que le coût direct d’une guerre pour la Russie pourrait s’élever à 3% du PIB du pays, soit 30 milliards de dollars. Cette facture salée s’ajoute aux perturbations que le conflit devrait entraîner dans les exportations russes de gaz.