Le Premier ministre britannique David Cameron a multiplié ces derniers jours les déclarations sur ses convictions religieuses, rompant ainsi avec la discrétion que les hommes politiques britanniques adoptent traditionnellement, vu que le pays se veut ouvert à toutes les religions.
Depuis le « We don’t do God » (on ne parle pas de Dieu) de 2003, d’un conseiller de Tony Blair, en réponse à une question sur la foi de l’ancien Premier ministre britannique, les politiques britanniques ont adopté une neutralité sur les questions religieuses. Or, dans un article publié dans le « Church Times », mais surtout pour son message de Pâques de dimanche dernier, le Premier ministre britannique a encouragé la Grande-Bretagne à afficher une attitude décomplexée « quant à son statut de pays chrétien » en militant pour « une approche plus évangélique de la religion ».
Si ce discours plaît à l’Eglise d’Angleterre, il provoque par contre l’ire des opposants à un mélange de la religion et de la politique. Une cinquantaine d’écrivains, de scientifiques et d’académiciens parmi lesquels le Prix Nobel de Chimie Harold Kroto ou encore le président de l’association des humanistes britanniques Jim Al-Khalili, lui ont adressé une lettre ouverte dans laquelle ils signifient leur désapprobation. Selon eux, « la Grande-Bretagne est une société plurielle non religieuse, malgré l’existence d’une Eglise officiellement établie ».
Par contre, certains observateurs limitent la nouvelle ferveur chrétienne du Premier ministre à des visées électoralistes. A un an des élections générales, elle aurait pour but de reconquérir la communauté chrétienne, parfois échaudée par la légalisation du mariage homosexuel et la réduction des aides sociales. Le dernier recensement au pays de Galles et en Angleterre en 2011 révèle que 59% des personnes interrogées continuent à se définir comme chrétiennes.