La tension monte entre la Turquie et l’Irak en raison de l’implication d’Ankara dans l’exportation des cargaisons de pétrole en provenance du Kurdistan irakien. Bagdad, qui accuse les autorités turques de faciliter la contrebande de son pétrole à bas prix, a introduit une demande d’arbitrage auprès de la Chambre de Commerce Internationale (CCI), basée à Paris, pour réclamer la cessation de ces exportations. Cette plainte est déposée directement contre le gouvernement turc et la société publique BOTAS, chargée de la gestion de ses oléoducs de Turquie.
Les autorités irakiennes avaient interdit l’exportation de toute cargaison de pétrole pompé sur son territoire sans l’aval du gouvernement central. Cette interdiction visait essentiellement l’or noir extrait des champs pétrolifères de la région semi-autonome du Kurdistan, extraction jugée illégale. Ce qui n’a pas empêché la Turquie de livrer sur les marchés internationaux du pétrole extrait de cette région et sorti d’Irak sans autorisation expresse du gouvernement central.
Le vice-Premier ministre irakien et chargé des Affaires énergétiques, Hussein al-Chahristani, a déclaré que cette attitude hostile de la Turquie envers l’Irak porte gravement atteinte aux intérêts économiques du peuple irakien et nuit aux relations bilatérales entre les deux pays, tout en appelant Ankara à reconsidérer sa position. Le gouvernement fédéral irakien a, par ailleurs, averti qu’il poursuivrait en justice toute compagnie pétrolière ou tout acteur du marché mondial du pétrole qui achetait le brut ayant franchi illégalement sa frontière et qu’il considère comme du pétrole de contrebande.
De leur côté, les autorités kurdes considèrent infondée la plainte de Bagdad, qui ne tient pas compte des droits du Kurdistan tels que reconnus par la Constitution irakienne de 2005. Cette question du pétrole vient s’ajouter aux politiques de désaccords existants entre la Turquie et l’Irak, notamment sur le conflit syrien.