L’inculpation de l’ancien chef d’état-major des armées, le général IIlker Basbug, pour formation et supervision d’un groupe terroriste et pour tentative de coup d’état contre le régime islamo-conservateur turc a déclenché une série d’inquiétudes chez les turcs.
Dès sa mise à la disposition de la justice, le général Basbug a été conduit dans la prison de Silivri, à proximité d’Istanbul, pour rejoindre les 250 officiers, universitaires, journalistes et membres de la pègre emprisonnés, depuis 2003, pour constitution d’une organisation terroriste et conspiration à l’encontre du parti de la justice et du développement à la tête de la Turquie depuis 10 ans.
L’arrestation d’un officier haut gradé, tel que le général Basbug, témoigne de la volonté d’Ankara de réduire progressivement l’influence politique de l’armée et de renforcer le pouvoir civil dans un pays où les généraux sont considérés comme intouchables. Bien que l’arrestation du général Basbug soit encourageante pour l’évolution de la démocratie dans le pays, cela n’exclut pas pour autant la thèse de l’acharnement contre les prétendues comploteurs et de l’abus de pouvoir de la part d’une justice influencée par un gouvernement affichant des tendances autoritaires depuis quelques années. D’ailleurs, certaines ONG étaient indignées par le fait que le général Basbug soit envoyé en prison par crainte d’une fuite alors qu’il bénéficie de la présomption d’innocence.
Soucieux d’éviter que les accusations de formation d’organisation terroriste servent désormais d’alibi pour les arrestations arbitraires, les Etats-Unis, alliés stratégiques de la Turquie, ont demandé à ce que le général bénéficie d’une procédure judiciaire transparente.
En somme, la justice turque doit faire preuve de transparence pour que l’inculpation du général Basbug puisse réellement contribuer à renforcer la suprématie de l’état de droit dans le pays.