Dans la dernière ligne droite des négociations sur le nucléaire iranien, les ministres des Affaires étrangères des grandes puissances et de l’Iran ont pour la plupart quitté Vienne hier dimanche au soir pour des consultations avec leurs gouvernements respectifs. Ils ont déjà convenu de prolonger de quelques jours ces négociations, dont la date butoir était initialement fixée au 30 juin, en raison de l’importance de l’enjeu et des points de blocage persistants.
Les experts de chaque délégation sont cependant restés sur place pour continuer à travailler sur les textes et le scénario idéal serait la finalisation de l’accord au retour des ministres dans les prochains jours. Toutes les parties prenantes à ces négociations affichent leur volonté politique de sortir de la crise mais les obstacles à sa résolution n’en demeurent pas moins présents. Les exigences des grandes puissances sur une limitation durable des capacités nucléaires iraniennes de recherche et de production, d’un retour automatique aux sanctions en cas de violation des engagements pris et des inspections rigoureuses des sites iraniens, « y compris militaires si nécessaires », se heurtent à l’opposition, réaffirmée ces dernières semaines, du Guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, qui a la haute main sur le dossier nucléaire. La principale exigence iranienne, la levée de toutes les sanctions qui pèsent sur la République islamique dès la mise en œuvre de l’accord, se heurte également à l’opposition des grandes puissances qui souhaitent qu’elles soient levées de manière progressive et réversible.
La chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini, qui chapeaute les négociations, a tenu à dissiper tout malentendu en réaffirmant que la prolongation des négociations ne signifiait pas une renégociation de l’accord préalable de Lausanne, conclu dans la douleur en avril dernier entre Téhéran et les grandes puissances, qui repose selon elle sur des bases solides. La communauté internationale retient son souffle en attendant un accord qui pourrait bouleverser le paysage géopolitique au Moyen-Orient ainsi que le marché mondial de l’énergie avec la libération des immenses réserves iraniennes d’hydrocarbures.