Le Parti des travailleurs au pouvoir au Brésil a été de nouveau secoué mercredi avec l’arrestation du responsable de son groupe sénatorial, Delcidio do Amaral, dans le cadre de l’enquête sur le vaste scandale de corruption autour de Petrobras.
Sur demande du parquet, Amaral a été interpellé à Brasilia et placé en détention provisoire sur la base « d’indices de tentatives d’obstruction à la justice ». C’est le Tribunal Supérieur Fédéral (TSF) qui a ordonné le placement en détention de ce sénateur. Pour ce faire, cette instance a levé de fait l’immunité parlementaire de Delcidio do Amaral suite au flagrant délit, une première dans l’histoire démocratique de ce pays. Par la suite, les sénateurs se sont prononcés dans la soirée par 59 votes contre 13 pour confirmer ce placement en détention.
Le sénateur Amaral est ainsi le premier parlementaire brésilien à être épinglé par la justice dans le cadre de l’affaire de corruption Petrobras. Pourtant, les noms de dizaines d’autres parlementaires ont été cités dans ce scandale. Une enquête a été ouverte l’année dernière autour du scandale qui a éclaboussé la compagnie pétrolière publique brésilienne.
Cette investigation a mis en lumière un dispositif de trucage systématique des marchés entre Petrobras et ses sous-traitants, occasionnant des commissions de 3 % par marché, dont les parlementaires de la coalition au pouvoir recevaient une partie. Par conséquent, bon nombre d’ex-dirigeants du géant pétrolier brésilien, de responsables de principaux groupes de travaux publics et d’intermédiaires ont été inculpés.
Pour le cas d’Amaral, la justice a décidé de l’interpeller après avoir pris connaissance d’une conversation accablante enregistrée par le fils de l’ex-directeur international de Petrobras, Nestor Cervero. Présentement derrière les barreaux, ce dernier est en pleine négociation avec les enquêteurs en vue d’aboutir à un accord de délation contre une remise de peine. Dans cette causerie, le sénateur Amaral essayait de convaincre le fils de Cervero de pousser son père à mettre un terme à sa collaboration avec la justice. En échange, il s’était engagé à l’aider à fuir en Espagne après sa libération et à verser à sa famille, une somme mensuelle de 13.500 dollars.
Environ deux milliards de dollars ont été détournés de Petrobras, selon les estimations du géant pétrolier. De son côté, la police fédérale table sur un préjudice de plus de 11 milliards de dollars pour la même compagnie.