La lutte contre l’inflation et la réforme du secteur financier devraient être, sans surprise, les principaux défis auxquels s’attaquera le nouveau gouverneur de la Banque centrale indienne Urjit Patel qui prend ses fonctions le 4 septembre prochain.
En choisissant Urjit Patel pour lui succéder, le gouvernement indien montre qu’il n’était finalement pas si hostile à la politique de Raghuram Rajan, qu’il a poussé à la démission. Depuis trois ans vice-président de l’institution, Urjit Patel a été l’un des plus fidèles lieutenants de Raghuram Rajan. Ses collègues affirment qu’il est aussi obsédé par la lutte contre l’inflation que son futur prédécesseur, auquel on a reproché son manque de souplesse en matière de baisse des taux. Vu que c’est lui qui a mis en œuvre le cadre qui a permis de donner plus de rigueur à la politique monétaire indienne, les analystes ne s’attendent pas à ce que la gouvernance d’Urjit Patel se distingue par son laxisme.
Urjit Patel, qui a plaidé en faveur d’une plus grande transparence dans les bilans bancaires, aura également la lourde tâche d’achever le travail de la réforme bancaire entreprise par Raghuram Rajan. Ce dernier est parvenu à mettre la pression sur les dirigeants de banque et les grands industriels pour qu’ils reconnaissent l’ampleur du vide causé dans leurs bilans par les créances douteuses qui ont explosé ces dernières années. Il va sans dire que cette tâche, qui a valu à Raghuram Rajan nombre d’inimitiés, ne sera pas facile à mener à terme.
Somme toute, la nomination d’Urjit Patel pour la succession de Raghuram Rajan s’inscrit dans une logique de continuité. La seule différence notable entre les deux mandats devrait résider dans le processus de décision. Le gouverneur ne devrait plus être perçu comme l’unique responsable des choix en matière de politique monétaire puisque c’est désormais un comité qui se prononcera, à la majorité, sur l’évolution des taux d’intérêt.