Les procureurs brésiliens en charge du vaste scandale de corruption autour de la compagnie pétrolière publique Petrobras, ont brandi mercredi la menace d’une démission collective au cas où le Parlement adoptait des textes visant à les museler.
Lors d’une conférence de presse conjointe, les procureurs de Curitiba (sud), où sont centralisés tous les éléments de ce dossier, ont déploré les manigances des élus ayant pour objectif, à les intimider pour bloquer les investigations.
Ces magistrats ont réagi juste quelques heures après le vote, dans la matinée, en première lecture, par les parlementaires d’un projet de loi portant sur la lutte contre la corruption. Rédigé à l’origine par les procureurs de Curitiba avec, en soutien, deux millions de signatures, le texte adopté a été modifié suite à plusieurs amendements.
Les élus ont particulièrement mécontenté les procureurs en mentionnant en cachette un amendement proposant d’infliger une peine de deux ans de prison aux procureurs et juges dans l’exercice de leurs fonctions en cas d’«abus d’autorité».
«Nous démissionnerons collectivement si cette proposition d’intimidation des juges et procureurs est approuvée et promulguée par le président » Michel Temer, a prévenu, sans langue de bois, le procureur Carlos dos Santos Lima.
Pour sa part, le coordinateur des procureurs en charge de l’affaire Petrobras, Deltan Dallagnol, a estimé que « ce ne serait plus possible de travailler si cette loi d’intimidation » devenait effective. Ce dernier procureur a ajouté que ces manigances survenaient au moment où les enquêteurs s’approchent de la classe politique au pouvoir.