La Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH), a condamné hier mardi, la Russie pour des défaillances dans l’enquête sur le meurtre de la journaliste Anna Politkovskaïa, assassinée par balles il y a douze ans à Moscou, à l’âge de 48 ans.
La Cour européenne impute à Moscou une violation de l’article 2 de la Convention européenne des droits de l’homme sur le «droit à la vie». Les juges de Strasbourg ont regretté que l’Etat russe n’ait pas examiné les allégations des requérants, à savoir la famille de la victime, selon lesquelles des agents du FSB, les services secrets russes, ou des représentants de l’administration tchétchène, aient été impliqués dans l’organisation du meurtre.
La décision de justice impose aux autorités russes de verser 20.000 euros à la mère, à la sœur et aux enfants de la journaliste assassinée au titre du préjudice moral. L’arrêt de la Cour a été rendu à la majorité de cinq juges contre deux. Mais ce jugement non définitif, il peut faire l’objet d’un appel dans un délai de trois mois.
Journaliste russe d’investigation et figure de l’opposition médiatique au président russe Vladimir Poutine, Anna Politkovskaïa a été assassinée le 7 octobre 2006 dans le hall de son immeuble, à Moscou. Elle était célèbre pour avoir couvert le conflit tchétchène ainsi que pour ses investigations sur le pouvoir en place.
Avant son assassinat, elle avait déjà fait l’objet d’un enlèvement de 48 heures, ainsi que de plusieurs arrestations, d’un empoisonnement, et de menaces de mort.
Bien que six personnes ayant participé à l’exécution de la journaliste ont été condamnées à de lourdes peines de prison, les commanditaires de son assassinat n’ont jamais été identifiés à ce jour.