L’Armée Nationale Libyenne (ANL) sou commandement du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est libyen, a lancé mi-janvier, une offensive dans le sud de la Libye, une région où pullulent les réseaux djihadistes et de la contrebande.
Si cette campagne militaire a pour vocation de combattre les «terroristes» et les groupes armés étrangers, elle pourrait bien, selon les experts, exacerber les tensions politiques et ethniques dans un pays déjà plongé dans le chaos à cause de la guerre civile qui a éclaté en 2011 au lendemain de l’éviction du régime autoritaire de Mouammar Kadhafi.
Vendredi dernier, l’ANL avait annoncé avoir combattu des rebelles tchadiens à Ghudduwah, au sud de Sebha, à 650 kilomètres de Tripoli, avant de mener dimanche des frappes aériennes contre ces groupes armés qu’elle accuse d’alimenter l’insécurité et de profiter des frontières poreuses pour établir des bases arrières.
Mais, paradoxalement, l’opération en cours de l’ANL pourrait au final dégrader sensiblement la situation sécuritaire en ravivant les tensions tribales dans cette vaste région désertique aux confins de l’Algérie, du Niger, du Tchad et du Soudan.
Celle région a été marquée par des combats sanglants entre la communauté Toubou et des tribus arabes jusqu’à la signature d’un accord de paix en 2017.
Les Toubou, une minorité libyenne à la peau noire qui se plaint de longue date de la discrimination, disent avoir été visés par les frappes de l’ANL et craignent un «nettoyage ethnique». Pourtant, des Toubou figurent dans les rangs de l’ANL.
Certains analystes estiment que la communauté est divisée entre ses membres qui refusent la présence des rebelles tchadiens et soutiennent l’ANL et ceux qui soutiennent les rebelles Tchadiens et profitent avec eux de la contrebande et de la traite des êtres humains.
L’opération du maréchal Haftar, que le GNA a dénoncé, risque de saboter les efforts visant à mettre fin à la crise politique et sécuritaire libyenne, avec la tenue cette année, d’élections générales comme prévu par l’ONU.