Juan Guaido, qu’une cinquantaine de pays dont les Etats-Unis reconnaissent comme président par intérim du Venezuela depuis près d’un an, a été réélu hier dimanche président du Parlement vénézuélien par les députés de l’opposition lors d’un vote organisé après qu’un élu rival ait revendiqué le poste avec le soutien du pouvoir chaviste.
Le vote a été organisé au siège du journal El Nacional, dans le centre de Caracas, et non dans l’hémicycle, Juan Guaido, ainsi que des députés de l’opposition. Des journalistes ont été empêché d’y accéder par la police.
Sur les 167 députés que compte l’Assemblée nationale, 100 députés ont voté pour Guaido. Certains de ces députés sont poursuivis par la justice dans le cadre de ce que l’opposition qualifie de persécution politique de la part du pouvoir.
Profitant de l’absence de Juan Guaido à l’hémicycle, Luis Parra, un député rival mais se disant toujours dans l’opposition, a empoigné un mégaphone à la mi-journée et s’est déclaré nouveau chef de l’Assemblée nationale, assurant avoir été élu par 81 députés sur 140 présents, soit la majorité simple du Parlement.
L’opposition, qui a la majorité au Parlement unicaméral, a aussitôt dénoncé un «coup d’Etat parlementaire», affirmant que Luis Parra a agi sans vote ni quorum.
De son côté, le président socialiste du Venezuela, Nicolas Chavez a aussitôt reconnu Luis Parra, se réjouissant de ce que Juan Guaido ait été évincé. Luis Parra a été exclu du parti de l’opposition Primero Justicia après qu’un site internet l’ait accusé d’avoir reçu des pots-de-vin, mais il affirme être toujours dans l’opposition.
Avec cette double casquette de président par intérim et de président du Parlement, Juan Guaido entend continuer son combat, jusque-là infructueux, pour chasser l’héritier politique d’Hugo Chavez, qu’il qualifie d’usurpateur depuis la présidentielle jugée frauduleuse de 2018, et qu’il rend responsable de la crise économique et sociale que traverse le Venezuela.
Mais son mouvement s’essouffle, l’Assemblée nationale n’ayant plus, dans la pratique, aucun pouvoir. Le travail législatif est effectué depuis 2017, par une Assemblée constituante composée uniquement de chavistes.
Les manifestations anti-Maduro attirent de moins en moins de Vénézuéliens et le président continue de jouir de l’appui de la Russie, de Cuba et de la Chine, mais surtout de l’armée, clef de voûte du système politique vénézuélien.