Les pronostics n’ont pas été démentis. Les élections du 8 septembre au Maroc ont largement souri au parti libéral RNI, présidé par Aziz Akhannouch, qui a remporté 102 sièges sur les 395 que compte le Parlement, alors que le parti islamiste PJD, qui a dirigé le gouvernement pendant deux mandats successifs, a connu une déroute étonnante avec 13 sièges seulement, faisant les frais d’un vote sanction pour une décennie de gestion très critiquée.
Si le PJD en est arrivé là, c’est parce qu’il a déçu son propre électorat. En dix années aux affaires, les gouvernements dirigés par les islamistes (Abdelilah Benkirane, puis par son successeur Saad Edine El Otmani), ont mis en colère de larges catégories de la classe moyenne et populaire. Salariés, fonctionnaires, petits commerçants… la plupart ont été frustrés par les décisions impopulaires du gouvernement islamiste qui ont grevé leur pouvoir d’achat et rendu leur quotidien plus difficile que par le passé.
Au mois d’août dernier, le PJD a amèrement goûté à un premier vote sanction lors des élections aux Chambres professionnelles, où le parti du chef du gouvernement a été battu à plate couture partout dans le pays.
L’usure du pouvoir a aussi fait son effet. Après 10 ans aux affaires, le parti s’est enlisé dans des dissensions internes qui ont vu sa popularité reculer jusqu’à s’aliéner une grande partie d’un électorat qui lui était fidèle. Au final, le PJD qui avait remporté 125 sièges en 2016 n’en est qu’à 13 aujourd’hui.
A l’opposé, le RNI grand vainqueur de ce triple scrutin (législatif, régional et local), a bénéficié de l’action efficace de ses ministres dans le gouvernement sortant, à leur tête le chef du parti, Aziz Akhannouch.
Le projet porté par ce parti libéral s’inscrit en droite ligne de la prochaine mise en œuvre du nouveau modèle de développement prôné par le Roi Mohammed VI et d’une reprise économique au Maroc, après près de deux ans de crise sanitaire imposée par la pandémie du Covid-19.
C’est probablement dans cet état d’esprit que les électeurs, à la recherche de changement, d’une nouvelle dynamique politique et d’un élan économique énergique, ont massivement participé aux élections, avec 50,35 %, un score supérieur à celui des législatives de 2011 (45,40 %) et de 2016 (42,29 %).