L’Iran procède au lancement d’une fusée en plein pourparlers sur le nucléaire

L’Iran a affirmé hier jeudi avoir lancé dans l’espace une fusée transportant trois appareils de recherche spatiale, suscitant aussitôt l’inquiétude des Etats-Unis qui font le rapport entre cette action et le programme balistique de Téhéran.

Le porte-parole de l’unité spatiale du ministère de la défense iranien, Ahmad Hosseini a déclaré qu’il s’agissait d’un lancement préliminaire avant des lancements opérationnels dans un proche avenir, assurant que les objectifs de recherche prévus pour le lancement d’hier jeudi, ont été atteints.

Les médias locaux n’ont pas précisé d’où le lancement avait eu lieu mais la télévision d’Etat a montré brièvement les images du tir d’une fusée depuis un endroit désertique.

Citant des experts et des images satellites, des médias américains avaient expliqué plus tôt en décembre, que la République islamique se préparait à lancer une fusée à partir du centre spatial de Semnan, à quelque 300 kilomètres à l’est de Téhéran.

Les Occidentaux soupçonnent l’Iran de chercher à développer, en utilisant la technologie de ses lanceurs de satellites, des lanceurs balistiques à longue portée capables d’emporter des charges conventionnelles ou nucléaires.

L’accord Vienne de 2015 qui vise à empêcher l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire, a été validé par la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui enjoint à Téhéran de «ne mener aucune activité liée aux missiles balistiques conçus pour pouvoir emporter des charges nucléaires, y compris les tirs recourant à la technologie des missiles balistiques».

Tout en affirmant n’avoir aucune intention de se doter de l’arme atomique, Téhéran assure que ses programmes balistique et spatial ne vont pas à l’encontre de la résolution 2231.

L’annonce de ce lancement survient en plein pourparlers pour sauver l’accord de Vienne de 2015. Ces pourparlers ont été relancés à la fin de novembre après cinq mois d’interruption entre Téhéran et les pays encore parties au pacte (France, Royaume-Uni, Allemagne, Russie, Chine).

Les Etats-Unis, qui avaient quitté l’accord en 2018 et avaient rétabli des sanctions contre l’Iran, participent aux négociations de manière indirecte et disent souhaiter «un retour mutuel au respect total de l’accord».

L’enjeu des négociations est donc de faire revenir Washington dans le pacte et ramener Téhéran au respect de ses engagements, rompus en réaction au désengagement des Etats-Unis et au rétablissement de leurs sanctions contre l’Iran.

Andreï Touabovitch