Tensions autour de l’enclave russe de Kaliningrad

Moscou a promis hier mardi de « sérieuses » représailles contre la Lituanie après la mise en application par Vilnius de sanctions européennes liées à l’invasion de l’Ukraine autour de l’enclave de Kaliningrad, située sur la mer Baltique à mille kilomètres de Moscou.

Suite aux sanctions de l’Union européenne après l’offensive russe contre l’Ukraine, les autorités lituaniennes ont décidé depuis la fin de la semaine dernière, d’imposer des restrictions sur le transit par voie ferrée de marchandises à destination de Kaliningrad.

Ces restrictions portent notamment sur des métaux, le ciment, l’alcool, les engrais, et la liste pourrait s’élargir ultérieurement au charbon et au pétrole. La Lituanie a précisé que seuls les convois terrestres, les trains de marchandises, sont concernés, mais que le passage par la mer reste possible et que les trains de passagers restent autorisés.

Le gouverneur de Kaliningrad, Anton Alikhanov a dénoncé un blocus, estimant que 40 à 50% des approvisionnements de l’enclave via la Lituanie pourraient être affectés. Pour Moscou, ces restrictions violent un accord de 2002 entre la Russie et l’Union européenne, lorsque la Lituanie a rejoint l’UE.

Lors d’une visite dans l’enclave russe hier mardi, le secrétaire du Conseil de sécurité russe, Nikolaï Patrouchev a qualifié ces restrictions d’«actes hostiles» et déclaré que «des mesures appropriées seraient adoptées prochainement» et auraient «de sérieuses conséquences négatives pour la population de la Lituanie».

Face aux menaces de la Russie, Washington a affirmé son soutien à la Lituanie, membre de l’Alliance atlantique. Devant la presse, le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price a réitéré l’attachement «à toute épreuve» de Washington à l’article 5 de l’Otan, qui prévoit «qu’une attaque contre un pays allié est une attaque contre tous».

Située entre la Pologne et la Lituanie, Kaliningrad, d’une superficie de 15.000 kilomètres-carrés au total pour 500.000 habitants, est un avant-poste militaire russe en Europe et un atout stratégique important. Le territoire a une importante tradition militaire, servant de place forte lors des deux guerres mondiales et de bastion défensif pendant la Guerre froide.

Mais la région est aussi isolée en territoire hostile pour la Russie, entourée par deux pays membres de l’Otan et de l’Union européenne, la Lituanie et la Pologne, qui soutiennent fermement l’Ukraine face aux visées russes. Face à l’expansion de l’Otan, Moscou y a musclé sa présence militaire, organisant notamment d’importantes manœuvres.

Andreï Touabovitch