La CEDEAO (Communauté des 15 Etats ouest-africains) s’est prononcée dans la soirée de samedi 3 février, sur l’annonce du report de la présidentielle au Sénégal, programmée initialement pour le 25 février courant.
Dans un communiqué rendu public par sa Commission à Abuja, siège de la CEDEAO, cette dernière a fait état de ses «préoccupations relatives aux circonstances ayant conduit au report de l’élection présidentielle au Sénégal» et invité le pouvoir central à Dakar de «fixer une nouvelle date pour le scrutin présidentiel» et invite l’ensemble de la classe politique sénégalaise à privilégier en pareilles circonstances, le dialogue et l’inclusivité.
Après avoir «pris note de la décision prise par les autorités sénégalaises de reporter la présidentielle du 25 février, la CEDEAO exhorte la classe politique du Sénégal à donner la priorité au dialogue et à la collaboration en vue de parvenir à la tenue d’une élection transparente, inclusive et crédible», ajoute le communiqué.
Par ailleurs, le bloc de 15 Etats ouest-africains dit croire profondément en les capacités de résilience politique du Sénégal et salue sa longue culture de l’ancrage démocratique. A ce titre, la CEDEAO a salué à nouveau «la décision du Président Macky Sall de ne pas briguer un autre mandat (un 3è)», tout en l’encourageant «à continuer de défendre et protéger la longue tradition démocratique du Sénégal».
Macky Sall a créé une surprise politique dans la soirée de ce 3 février 2024 au Sénégal en annonçant «avoir abrogé le décret convoquant le corps électoral le 25 février prochain, en attendant les résultats d’une Commission d’enquête parlementaire visant à clarifier les conditions dans lesquelles certaines candidatures ont été déclarées irrecevables» pour ce scrutin présidentiel. Selon Macky Sall, ces «conditions troubles pourraient gravement nuire à la crédibilité du scrutin en installant les germes d’un contentieux pré et postélectoral».
En fin de semaine dernière, le PDS (Parti démocratique sénégalais) de l’ex-Président Wade, avait demandé et obtenu «la mise en place d’une Commission d’enquête parlementaire, après l’invalidation de la candidature de Karim Wade à l’élection présidentielle pour cause de double nationalité».
Le PDS a émis des accusations ouvertes «de corruption présumée à l’encontre de certains membres du Conseil constitutionnel» qui a été en charge de l’examen des dossiers de candidatures à cette joute présidentielle.
«A cette situation suffisamment grave et confuse, est venue s’ajouter la polémique sur une candidate dont la binationalité a été découverte après la publication de la liste définitive des candidats par le Conseil constitutionnel», a relevé le président Macky Sall ce 3 février pour justifier le report du scrutin tant attendu. Ces polémiques «constituent une violation de l’article 28 de la Constitution qui dispose que ‘tout candidat à la Présidence de la République doit être exclusivement de nationalité sénégalaise’», a insisté le Président sortant du Sénégal.