En choisissant un concessionnaire qui n’a pas encore fait ses preuves, le Nicaragua prend un risque. Pire encore, c’est un contrat de concession d’une très longue durée. La loi a été approuvée jeudi 13 juin par le congrès du Nicaragua, loi autorisant au gouvernement de signer, avec une entreprise récemment fondée par un avocat à Hong Kong, un contrat de concession pour une durée d’un siècle.
Pour un coût est estimé à 40 milliards de dollars, la concession portera sur la conception, réalisation et exploitation pendant cent ans d’un canal entre l’Atlantique et le Pacifique. Le projet de loi a recueilli 61 votes positifs, 25 votes négatifs et une abstention. En conséquence, le gouvernement est autorisé à signer ce vendredi à Managua un accord de concession avec l’entreprise détenue par l’avocat Wang Jing, qui a par ailleurs ouvert une filiale aux îles Caïman. Mentionnons que le Nicaragua entretient des relations diplomatiques avec Taïwan mais non avec la Chine. La loi confie au concessionnaire «le tracé, le développement, l’ingénierie, les accords de financement, la construction, la propriété, l’exploitation, l’entretien et l’administration» d’un canal entre les océans Atlantique et Pacifique. Contestations et inquiétudes s’expriment au sujet de cet accord avec HK Nicaragua Canal Development Investment Co. (HKDN).
C’est le cas de certains secteurs politiques, économiques, écologiques, etc. Pour eux, le président Daniel Ortega «hypothèque le Nicaragua» en faveur d’une «obscure» entreprise créée par «un entrepreneur chinois que personne ne connaît». L’opposition va plus loin en évoquant l’inconstitutionnalité de cette loi. Cette loi «est anticonstitutionnelle, frauduleuse et préjudiciable aux intérêts (du pays)», affirme l’opposition. Pour Eduardo Montealegre, chef de l’opposition, le territoire de Nicaragua est offert «à une entreprise étrangère qui peut le vendre ou le louer en morceaux». En effet, estime E. Montealegre, M. Wang aura «tous les pouvoirs pour exproprier, confisquer, étendre, draguer et dévier les cours d’eau» au Nicaragua.
Le porte-parole au Nicaragua de l’avocat chinois, le Bolivien Ronald MacLean, a répondu aux objections soulevées au sujet du manque d’expérience du concessionnaire. Pour lui, le directeur technique d’une équipe de football peut être bon sans avoir été lui-même footballeur.