La Cour des comptes européenne vient de publier un rapport qui dénonce le manque de suivi que l’Union Européenne des nombreuses aides au développement, plusieurs centaines de millions de dollars,qu’elle accorde à l’Egypte.
Ces faiblesses remontent à bien avant la révolution de 2011, et se seraient même empirées depuis, puisque le rapport de la Cour des comptes se base sur un audit officiel d’une période six ans et portant sur plus de 1.3 milliards de dollars US. Il ressort de cet audit que la première faiblesse de l’aide européenne à l’Egypte est qu’une grande partie de cette aide, environ 60%, va directement au budget égyptien, ce qui est un cas particulier pour l’aide que l’Union européenne apporte aux pays étrangers. De ce fait, l’Union européenne ne dispose d’aucun moyen pour s’assurer que son aide parvienne effectivement aux cibles visés, entre autres la société civile et les ONG.
La situation est encore plus confuse du côté égyptien. Aucune information fiable sur la réalité des dépenses militaires n’est disponible, le pays n’effectue aucun contrôle systématique de ses comptes publics et quand il se décide à procéder à un audit, son résultat est considéré comme un secret d’Etat. Même s’il avance peu de chiffres, le rapport de la Cour des comptes européenne fait état de nombreux soupçons. Les soupçons de détournement sont accrus par la révélation de « fonds spéciaux », une caisse noire du gouvernement dont le montant s’élèverait à 2.4% du Produit National Brut du pays.
Malgré les faiblesses du côté égyptien, contre lesquelles elle ne peut de toute façon pas directement agir, la Cour des comptes recommande une révision de la stratégie de Bruxelles avec une approche plus ciblée. Sont particulièrement mis en cause la Commission européenne et le SEAE (Service d’Action Extérieure) qui ont accepté ces recommandations, tout en se défendant d’avoir agi au mieux au vu du contexte local.