Les diplomates des états membres de l’Union Européenne engagent ce lundi à Bruxelles des discussions sur l’utilisation de leurs liens économiques avec l’Egypte pour forcer un compromis pacifique entre les autorités de transition et les partisans du président déchu Mohamed Morsi. Le but est d’éviter de nouveaux bains de sang entre l’armée et les partisans des Frères musulmans.
L’exercice est doublement périlleux pour les pays de l’Union Européenne. D’une part ils doivent trouver un équilibre entre le soutien aux principes démocratiques, étant donné que le président qui a été déchu a également été le premier à être élu dans l’histoire du pays, et le maintien de la stabilité du pays leur est une priorité. Ensuite, les sanctions économiques sur lesquelles pourraient aboutir les discussions en cours pourraient être accompagnées d’effets pervers. Bruxelles pourrait suspendre un accord d’association le liant à l’Egypte et remontant à 2001 qui comprend des protocoles de libre-échange sur certains biens industriels, des accords préférentiels sur les transactions agricoles ainsi que des clauses de coopération politique et des échanges culturels. Mais une telle initiative pourrait pousser l’économie égyptienne dans les bras de la Chine. Par ailleurs, une grande partie de l’aide actuelle européenne pour l’Egypte est déjà bloquée parce que l’Union Européenne juge inadéquates certaines réformes démocratiques. Or, cette décision cause déjà du tort à la société civile égyptienne qui est la première à bénéficier de l’aide européenne, en plus de réduire les moyens de pression européens. De plus, l’Union européenne, ses pays membres et les institutions financières internationales ont promis l’an dernier à l’Egypte des aides et des prêts pour un montant de plus de 6.5 milliards de dollars US qui pourraient être remis en cause. Les ministres européens des Affaires étrangères doivent prendre des décisions vers le milieu de la semaine.
En quatre jours, depuis la dispersion violente mercredi des campements des partisans du président déchu Mohamed Morsi par les forces de l’ordre, plus de 800 personnes ont trouvé la mort dans les affrontements qui ont suivi.