Les écarts répétés, et souvent importants, entre les données officielles et les estimations des experts des indicateurs économiques chinois poussent les derniers à remettre en cause les chiffres fournis par le gouvernement chinois.
Ces soupçons sont renforcés par le fait que les chiffres annuels et mensuels sur l’état de l’économie chinoise sont calculés et publiés très rapidement, plus rapidement que ne le sont par exemple ceux de la France dont l’économie est pourtant plus petite et les statistiques réputées de meilleure qualité. Le dernier exemple en date est l’indice PMI, qui mesure l’activité manufacturière, pour le mois de juillet. Le chiffre fourni par le gouvernement chinois est diamétralement contraire à celui calculé par la banque HSBC. Une étude de Standard Chartered estime qu’en 2011 et 2012 la croissance économique chinoise était de 7.2% et de 5.5% contre les 9.3% et les 7% indiqués par les chiffres officiels. Les experts reposent également leurs suspicions sur le fait que les carrières des cadres locaux dépendent des performances économiques de leurs régions. D’où la forte tentation pour eux, d’autant plus qu’ils disposent de larges pouvoirs administratifs au niveau local, d’embellir la réalité à travers les chiffres qu’ils fournissent. Cet état des lieux aboutit à la situation improbable que présente la Chine actuelle où la moyenne des taux de croissance publiés par l’ensemble des provinces chinoises est bien supérieure au chiffre national.
Un câble diplomatique publié par Wikileaks révèle une confidence datant de 2007 du Premier ministre chinois Li Keqiang, alors à la tête de la province du Liaoning, dans le nord-est du pays à l’ambassadeur américain en poste à Pékin. Il révélait ne se baser que sur la consommation d’électricité, le niveau du fret ferroviaire et le volume de crédits émis pour évaluer la véritable santé économique de sa province, les autres chiffres ne lui servant qu’à titre informatif.