La sénatrice de Californie et présidente de la commission du renseignement Dianne Feinstein a tenu mardi un discours très virulent contre la CIA. Elle a accusé l’agence de contrespionnage américaine d’avoir enfreint la loi pour empêcher la diffusion d’un rapport révélant l’ampleur de l’utilisation de la torture infligée aux accusés des attentats du 11 septembre 2001.
Le discours de la sénatrice, qui a livré des détails sans précédents, a fait l’effet d’une bombe. La CIA est accusée d’avoir organisé l’infiltration à de nombreuses reprises, dont la dernière fois remonte à janvier, d’ordinateurs utilisés par les membres de la commission du renseignement qui enquêtent sur les programmes d’interrogation « renforcée » mis en place sous l’administration George W. Bush.
Les enquêteurs du Sénat utilisaient des ordinateurs en circuit fermés fournis par la CIA, ce qui aurait permis à l’agence de les noyer sous un déluge de 6.2 millions documents. En plus d’être à l’origine de la disparition d’un millier de pages, les actes de piratage dont est accusée la CIA constitueraient une violation du principe de séparation des pouvoirs inscrit dans la Constitution américaine, ainsi que de la liberté d’expression et de débat.
La prise de position de Dianne Feinstein est d’autant plus marquante qu’elle est une des personnalités les plus influentes du Parti démocrate, une amie et un soutien depuis le début de Barack Obama et que, depuis le début des révélations d’Edward Snowden, elle défend la NSA et la pratique de collecte de masse de données.
John Brennan, ancien conseiller du président à l’antiterrorisme et actuel directeur de la CIA qui a toujours soutenu les interrogatoires poussés, a réfuté les accusations de piratage informatique par ses services. La Maison Blanche, par la voix de son porte-parole Jay Carney, lui a exprimé son soutien et sa confiance.