La Commission de la vérité (CNV) au Brésil a dévoilé mercredi le nombre de victimes durant la dictature militaire dans le pays (1964-1985), qu’elle a estimé à 434 personnes. Cette information arrive environ trente ans après la fin de cette période noire.
Cette estimation a été annoncée lors d’une cérémonie à Brasilia en présence de la présidente Dilma Rousseff. « Le troisième volume de ce rapport décrit l’histoire des 434 morts ou disparus politiques », a déclaré Pedro de Abreu Dallari, en présentant les conclusions du document. Plus précisément, 191 morts, 210 disparitions dont 33 dépouilles ont été retrouvées plus tard ont été recensées.
Le rapport a clairement mentionné que « ces chiffres ne correspondent certainement pas au nombre total de morts et de disparus mais seulement aux cas qu’il a été possible de prouver ». Le même document évoque les « difficultés rencontrées au cours de l’enquête, en particulier le manque d’accès aux documents des forces armées, qui auraient officiellement été détruits ».
Avant cette dernière publication, l’Etat brésilien reconnaissait la disparition de 400 personnes durant cette période, ce qui est beaucoup moins comparativement aux 30 000 morts en Argentine et aux 3 200 disparus au Chili au cours des mêmes années.
Jusqu’à présent, la justice brésilienne n’a jamais poursuivi les responsables de ces crimes, empêchée par une loi d’amnistie adoptée en 1979. A ce propos, le rapport en demande carrément l’annulation.
L’actuelle dirigeante brésilienne, qui est à l’origine de la mise en place de la CNV, a elle-même subi les affres de la dictature militaire. Ancienne guérilléro, Dilma Rousseff a connu la torture et la prison durant cette période. C’était donc non sans émotion qu’elle s’est exprimée à cette occasion en ces termes : « Nous respectons et rendons hommage à tous ceux qui ont lutté pour la démocratie », a-t-elle déclaré, estimant que« les familles des victimes et les nouvelles générations doivent savoir la vérité car, sans cela, elles continuent à souffrir, comme si leurs proches mouraient de nouveau ».