La crise ukrainienne a fortement ébranlé les économies de la Russie et de l’Ukraine. La BERD (Banque Européenne de Reconstruction et de Développement) a estimé, il y a deux semaines ,que la récession des deux économies devrait atteindre cette année les 5%.
La Russie est coincée entre la baisse du rouble qui entraîne une fuite des capitaux et la nécessité d’encourager les banques à accorder des crédits aux entreprises et aux particuliers, un dilemme auquel la Banque centrale du pays tente de faire face en jonglant avec ses taux directeurs.
Le 16 décembre dernier, en pleine crise du rouble et pour compenser les effets de la dévaluation de la monnaie nationale, Moscou avait décidé précipitamment de fortement remonter ses taux, de 10.5% à 17%. Cette mesure devait encourager les établissements financiers russes à placer leurs réserves en roubles auprès de la Banque centrale à un taux très attractif qui entraîne une rémunération bien supérieure à celle offerte par des réserves en euros ou en dollars. La Banque a ainsi freiné la fuite des capitaux russes vers des devises étrangères plus stables. Mais ces taux de change élevés coupent l’incitation des banques à accorder des crédits, ce qui ralentit l’activité économique du pays déjà entravée par l’embargo commercial des pays occidentaux. La situation a contraint vendredi dernier la Banque centrale russe à rabaisser de deux points, de 17% à 15%, son taux directeur.
En dépit du fait que, contrairement à la Russie, l’Ukraine qui est un pays importateur de gaz et de pétrole, vit mieux la baisse des prix des hydrocarbures, la situation y est encore plus critique. Le pays fait également face au dilemme de la dévaluation de la monnaie et de l’augmentation des taux d’intérêts. Avec une dette qui atteint près de 80% de son PIB et des marges de manœuvre réduites, notamment une faible capacité à soutenir le stock de la dette à court et à moyen terme, beaucoup craignent un défaut de paiement du pays à la fin de cette année.